dimanche 20 avril 2008

Neverland "Reversing time" (AFM records)

Les relations gréco-turc ne sont pas toujours aussi tendues que l’on veut bien le dire. La preuve avec ce groupe Neverland qui provient d’une rencontre entre la chanteuse grecque Iris Mavraki et le groupe turc de Prog/Power métal Dreamtone. Une rencontre providentielle tant Reversing Time surprend par sa qualité et ses sonorités. Il faut dire que le groupe jouit de plusieurs atouts à commencer par une pochette magnifique, véritable invitation à pénétrer dans ce pays imaginaire où le fantasy métal de nos hôtes est roi. De plus, Neverland dispose d’invités de marque avec la présence notamment de Hansi Kürsch de Blind Guardian, Tom Englund de Evergrey et la participation du Philarmonia Istanbul Orchestra qui permet de donner plus de consistance aux compositions et de donner cette touche onirique si appréciable.
Le groupe a enregistré 12 titres mais seulement 10 figurent sur l’édition de base, il vous faudra acquérir la version limitée pour goûter à l’ensemble du répertoire de Neverland.
Dès les premières notes de « Shooting star », le premier titre de l’album, on comprend que Reversing Time sera une réussite. Une mélodie accrocheuse, un refrain rageur, voici l’alchimie parfaite proposée par nos métalleux turques. Le deuxième morceau « To lose the sun » confirme cette impression et la présence de Hansi Kürsch n’y est pas pour rien, le titre est épique, doté d’un passage orchestral brillant et s’inscrit dans la grande lignée des meilleurs titres de Blind Guardian. Le troisième titre « Mankind is a lie » permet enfin d’entendre la belle voix de Iris Mavraki, une voix très justement perchée et éthérée qui se fond à merveille dans cet opéra métal féerique. Ce morceau se distingue aussi par l’utilisation très judicieuse de quelques instruments ethniques. « Everlasting Tranquility » est l’occasion d’aborder l’inévitable ballade et dans cet exercice Iris s’avère très habile; ce duo voix piano transcendant la plus simple des ballades.
« Reversing time » le titre éponyme commence par un déchaînement de violons sublime, un prélude à un nouveau refrain poignant, la marque de fabrique Neverland en quelque sorte.
Après une première moitié d’album sublime, rien de choquant à ce que la deuxième moitié perde en rythme et en qualité. Iris nous ressort une ballade « Mountain of Judgement », sympathique mais sans surprise avec toujours cette prépondérance du piano. « Mountain of joy » montre les limites vocales du chanteur de Dreamtone qui jusqu’ici ne s’en sortait pas trop mal. Après un insignifiant « World beyond these walls », l’album se clôture sur un excellent instrumental (« Transcending miracle ») qui souligne une fois de plus toute la qualité musicale du groupe. Un dernier morceau enchanté qui sonne comme un triste adieu (présence d’un saxophone !!) aux terres de Neverland… jusqu’aux prochaines aventures.
Gwilbreuf, Avril 2008

Nuit de la Saint Patrick 2008

Comme chaque année, l’album de la Nuit de la Saint Patrick sort quelques semaines avant la Nuit de la Saint Patrick qui s’est déroulé, cette année, le 15 mars à Bercy. Ainsi, le présent album concerne la Nuit de la Saint Patrick 2007 et un dvd bonus permettra de découvrir des extraits du spectacle de l’année dernière. Une bonne initiative qui permet en une trentaine de minutes de découvrir l’ambiance qui règne à Bercy et surtout de voir les danseuses de la Cork Irish Dance Company et leurs claquettes ainsi que les danseurs bretons. Le dvd s’achève par « Amazing Grace », devenu au fil des années l’hymne officieux des celtes, joué par l’ensemble des bagadoù et par le British Airways Pipe Band.
Sur l’album audio, on retrouvera à travers 14 morceaux les 4 « têtes d’affiche » de l’année dernière, à savoir l’incontournable Bagad de Lann-Bihoué, la surprenante américaine Deborah Henson-Conant, la nouvelle génération écossaise avec Capercaillie et enfin l’inépuisable Dan Ar Braz.
Certains vont se plaindre que l’on retrouve le Bagad de Lann-Bihoué sur chaque compilation de musique celtique mais ici, les 3 morceaux joués par le fameux bagad sont d’une extraordinaire qualité. Le premier titre « Don’t forget the lovely days » bénéficie, grâce à la présence de cuivres, d’un rythme très envoûtant. Le deuxième morceau « Mélodie du Pays de Redon » atteint la quintessence de ce que peut faire un bagad tant le déchaînement musical opéré prend littéralement aux tripes.
L’artiste suivante est une américaine atypique du nom de Deborah Henson-Conant, une harpiste, un peu délurée, qui surprendra dès son premier morceau « Cosita Latina » par son jeu de harpe et son chant angélique torturé. Les deux morceaux suivants apporteront une touche plus sensible avec une musique raffinée pleine de sensibilité.
Le temps d’une courte pause avec différents bagadoù bretons pour le traditionnel « Kas ha barth », on se délectera ensuite des sonorités du groupe écossais Capercaillie. Un groupe talentueux qui incarne le renouveau de la scène folk écossaise et qui vient de sortir son nouvel album .La nuit de la Saint Patrick 2008 se clôture avec 3 titres assez inégaux de Dan Ar Braz. Le guitariste breton faiblit de temps à autre en se réfugiant derrière une certaine facilité musicale proche de la variété celtique. Pourtant sur certains morceaux, le génie de l’artiste pointe son nez comme sur le très entraînant « Mary’s dancing ».
Un album qui permettra aux néophytes de découvrir la fine fleur de la nouvelle génération ainsi que les valeurs sures de la musique celtique. Pour les autres, cela reste un très bon album live d’un évènement annuel majeur.
Gwilbreuf, Avril 2008