lundi 30 juin 2008

Alizbar "Metamorphoses of Ann" (Prikosnovénie)

Mais où Prikosnovénie a-t-il trouvé ce Alizbar ? Combien de forêts, de vallées, d’océans et de montagnes les lutins du label ont dû traverser avant de trouver ce magicien ? Un magicien des notes utilisant une harpe celtique en guise de baguette. Alizbar est un véritable génie, un virtuose de la harpe celtique. Il amène cet instrument dans des retranchements et des mondes insoupçonnés.
L’invitation au rêve démarre par un digipack somptueux où l’imagination de Sabine Adélaïde atteint un nouvel sommet. Le mandala de la pochette de Metamorphoses of Ann délivre des teintes verdoyantes somptueuses. Le digipack s’apprécie à la verticale donnant ainsi l’apparence d’un livre. En effet, Metamorphoses of Ann pourrait s’apprécier comme tel tant la musique de Alizbar est évocatrice. Sa musique, dans sa dimension la plus épurée, un homme un instrument, nous transporte dans un monde onirique où notre imaginaire devient le maître du jeu et tisse sa propre histoire. L’histoire commence avec ce vieil escalier que l’on voit sur le mandala, un escalier digne des fonds de jardin de notre imaginaire. Le gravir, c’est franchir la barrière du réel et pénétrer dans un monde apaisant (« The Island »).
Le label ne pouvait pas espérer meilleur ambassadeur pour sa nouvelle collection Mandalia, dédiée aux musiques zen et relaxantes. Dans ce domaine, il ne fait nul doute que la musique de Alizbar possède des vertus thérapeutiques (« Fairy of melted snow »). Sa harpe parait enchanté tant les sons qu’elles délivrent sont hypnotisants (« Out of time fairy tale »).
Puisant son inspiration dans des contes scandinaves et celtiques ou même à travers l’univers de Tolkien (« Dwarves’ songs in hobbit’s hole »), Alizbar tisse les frontières d’un monde merveilleux où les mots paraissent dérisoires tant la musique se suffit à elle-même (« Metamorphoses of Ann »).
On pensera bien évidemment à l’univers de Caprice à travers les compositions de Alizbar. Bien que ce dernier n’utilise que sa harpe, on retrouve la même manière d’appréhender la féerie et la même esthétique musicale avec une recherche perpétuelle du beau et de la pureté.
Avec Fleür, ces artistes témoignent d’une sensibilité particulière et d’une relation personnalisée de l’âme slave vis-à-vis de l’imaginaire.
« Nocturne » annoncera de rares notes de ténèbres dans cet univers radieux. Avec « Ainur’s dialog », notre voyage prend fin et il est temps de franchir le mandala dans l’autre sens et de revenir à la dure réalité…
Mais quelle est cette musique qui en ce lieu me parait irréelle ? Et si tout ceci n’était pas qu’un rêve…
Gwilbreuf, Juin 2008

Les fableries de Dieren Dara (Autoproduction)

Un conte fantastique musical. Voilà le genre de projet que l’on rencontre peu fréquemment alors que musique et récit font souvent une très bonne association. Les fableries de Dieren Dara sont donc le résultat d’une initiative de Joane Calice (auteure et interprète de l'album) à laquelle s'est jointe Isabelle Lemauff (compositrice de la majorité des morceaux, arrangeur, réalisateur). Alternant astucieusement un texte narratif et une chanson, l’album propose en 26 plages de nous raconter ce conte musical un peu sombre. Enfin, un conte, disons plutôt une fable car comme nous le rappelle l’introduction « la fable est un court récit allégorique en vers ou en prose contenant une moralité ».
Concernant l’histoire, essayons de ne pas trop dévoiler l’intrigue mais sachez que l’on suit les pérégrinations de Jean, un prénom qui nous place immédiatement dans le domaine du conte médiéval. Jean et son frère Pierre (autre prénom très connoté) se trouvent confrontés lors d’un très rude hiver à un mal étrange qui ronge leur pays. A partir de là, Jean va mener sa petite enquête qui le mènera auprès d’un vampire, d’une bien étrange lady qui profère de nombreuses insultes, d’un loup, d’un monstre à quatre têtes, d’un alchimiste, de Belzébuth ou bien encore d’un ogre.
Toute une collection de personnages tous plus étranges les uns que les autres dont la présence ici s’en retrouvera justifiée lors de la Môôrale finale.
Une histoire très agréable à suivre notamment grâce au timbre de voix de Joane sensuel et chaleureux. De plus, la bande des conteurs impose des changements d’intonations assez réussis qui traduisent le caractère humoristique de cette fable qui ne se prend pas au sérieux.
Musicalement, Joane Calice s’est entouré d’une pléiade de musiciens professionnels pour nous livrer des chansons le plus souvent folk (« Légendes oubliées ») mais avec toujours une bonne dose d’humour (« Loup y es tu ? »). Certains textes bien qu’enfantins sont très marrants comme ce dialogue surréaliste entre une lady et Belzébuth (« Belzébuth et la Lady »).
Le morceau final, justement nommé, « L’Ogre de Barbarie », développe des intonations médiévales très réussies.
Des musiques et une histoire qui se destinent plutôt aux enfants mais tous les adultes ayant conservé une part de rêves devraient se délecter de ces fableries.
Au lieu de placer une énième fois vos enfants devant la télé, faites leur savourer les fableries de Dieren Dara, ils s’endormiront la tête pleine de rêves… et de quelques cauchemars.
Gwilbreuf, Juin 2008

dimanche 22 juin 2008

Blackmore's Night "Secret Voyage" (SPV)

Nouvel album du combo moyenâgeux Blackmore’s Night. La reconversion de l’ancienne gloire de Deep Purple s’avère donc très fructueuse puisque Secret Voyage est le septième album de Blackmore’s Night.
Un voyage à travers le temps et l’espace mélangeant habilement sonorités venues de toute l’Europe et des arrangements récents dominés par les guitares électriques de Ritchie Blackmore.
L’album s’ouvre en pleine renaissance avec « God save the keg », un titre qui nous plonge dans les fastes de la cour du roi et qui se clôture par des chœurs profonds et mystiques. Le deuxième morceau constitue sans aucun doute le chef d’œuvre de l’album. « Locked within the crystal ball » constitue un parfait exemple du style Blackmore’s Night. Un morceau long et énergique dans lequel les riffs vengeurs de Ritchie s’agrémentent de chalumeaux et autres cromornes. De plus, on dénotera des enchaînements guitares/voix qui font songer à Mike Oldfield. Un mariage efficace et percutant qui fonctionne à chaque reproduction (« The circle »). A côté de ce style de titre, Blackmore’s Night se complait dans de nombreuses ballades assez mielleuses voire niaises (« Far far away », « Rainbow Eyes »). Pourtant, il faut bien admettre que la voix de Candice Night est très belle, ce qui confère à certaines chansons un charme irrésistible (« Empty words »). Pour autant, on ne comprend pas le grand écart que réalise le groupe sur certains titres comme sur « Can’t help falling in love », sorte de soupe pop FM pour ados prépubères.
On notera aussi des influences slaves avec le très réussi « Toast to tomorrow », un morceau entraînant qui nous emmène sur les rives de la Volga à la rencontre de l’âme russe. Autre titre très réussi, « Peasan’t promise » affirme des influences méditerranéennes que n’aurait pas renié Francesco Banchini. On retrouve dans ce morceau la chaleur de la musique médiévale du bassin méditerranéen si chère au musicien italien.
Ni transcendant, ni raté, Secret Voyage est un bon album de Blackmore’s Night qui satisfera tous les amateurs du groupe.
Gwilbreuf, Juin 2008
Myspace du groupe :http://www.myspace.com/blackmoresnight1

samedi 21 juin 2008

Crista Galli "Matrice d'eau" (Prikosnovénie)

Cette musique est née de notre relation d’amour avec la Terre et des contacts subtils avec les Eléments qui résonnent sur le féminin de l’Etre. C’est par cette phrase que le duo Crista Galli qualifie sa musique méditative et contemplative qui laisse une part très importante à l’improvisation. Intitulé Matrice d’eau, les 8 titres de cet album se veulent une source intarissable d’apaisement et célèbrent la bienveillance de la Nature, de la Terre et surtout de l’Eau, élément le plus précieux et le plus fondamental pour l’Homme. L’artwork qui reprend les teintes indicibles et évanescentes de l’eau est recouvert de traits aux allures de cercles, autant de sources d’énergie pour accéder à notre intérieur sacré. En fait, ces cercles sont tirés du Cairn de Gavrinis, une île du Golfe de Morbihan dont le groupe tire en grande partie sa spiritualité et son énergie. La preuve en est les 4 derniers titres de l’album. De plus, la pochette est ornée de la lettre hébreu Mèm, une lettre qui symbolise les eaux.
L’album s’ouvre avec « fontaine », objet de la fascination pour l’eau, le mythe de la fontaine de jouvence n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres. Ensuite, le chant diphonique du duo entre en piste (« Shin ») pour nous livrer un moment de quiétude méritée. Les cithares, gongs et duduks s’accommodent de ce voyage intérieur vers le féminin de l’être. Même un violoncelle (« Racines ») viendra apporter sa contribution à l’édifice. Quant à « Oriental garden » il surprendra l’auditeur par ses similitudes avec l’univers du duo japonais Jack or Jive.
Matrice d’eau apaise l’âme et renforce l’esprit, un album qui signe l’entrée réussie de Prikosnovénie dans le monde de la musique zen et de relaxation.
Gwibreuf, Juin 2008
Site de Prikosnovénie :http://www.prikosnovenie.com/

samedi 7 juin 2008

Urban trad "Erbalunga" (Universal Belgium/Coop Breizh)

Urban Trad est un groupe belge qui, comme son nom l’évoque, combine des sonorités modernes bien ancrées dans notre siècle avec des musiques traditionnelles. Urban Trad fut aussi le digne représentant de la Belgique lors du concours de l’eurovision 2003. Rare groupe de qualité au sein de l’immondice et de la mascarade que représente l’Eurovision, le titre « Sanomi » chanté dans une langue imaginaire permit au groupe de décrocher la deuxième place du concours. De plus, en présentant ce groupe, la Belgique s’évitait un choix difficile entre les Wallons et les Flamands.
Auparavant centré sur une inspiration celtique ou européenne, le groupe s’oriente, avec ce nouvel album Erbalunga, vers une inspiration World. 2 titres illustrent à merveille ce virage (pris avec réussite). « Sans garde fou » à l’influence orientale grâce à la présence de la chanteuse tunisienne Ghalia Benali, un morceau qui présente l’originalité de mélanger l’arabe classique, le français et le galicien. Le titre « Diama Den » convie lui, l’artiste guinéen N’Faly Kouyale pour un morceau très énergique qui pourrait secouer les pistes de danses. « Noite Longa » s’insère aussi dans ce registre, la chaleur et la convivialité du chant en galicien de la chanteuse Veronica Codesal n’étant pas étranger à ce dynamisme. La chanteuse égrène d’ailleurs cette langue tout au long de l’album pour notre plus grand plaisir. Urban Trad tisse sa musique World à travers de nombreuses langues (autres que le français) comme le flamand (« Accovi/Onderweg »), le breton (« Scottiche de la tête ») et l’inévitable langue anglaise (« Fields of Deeley »).
Ce multilinguisme ne doit pas cacher la qualité des textes du groupe qui aborde la guerre (« L’olivier ») ou encore plus surprenant l’homosexualité féminine (« Oh la belle »), traitée ici avec délicatesse et respect. Une manière de concevoir la musique qui fait parfois songer à Malicorne, l’esprit du 21ème siècle en plus.
Enfin, Urban Trad c’est aussi des instrumentaux aux mélodies ravageuses comme en témoigne « Bourrée Tappen » où le temps d’une danse, l’accordéon devient l’instrument roi, ou encore « Asturiana » qui puise son influence au sein des Asturies, cette terre celtique voisine de la Galice.
Un album d’une très grande richesse et diversité qui sait s’approprier la musique traditionnelle pour la restituer avec authenticité et modernité. 15 titres pleinement maîtrisés qui font de Erbalunga une véritable réussite
Distribué tardivement en France par l’intermédiaire du label Coop Breizh, on espère qu’avec cet album, Urban Trad trouvera en France le succès qu’il mérite et qui tarde à venir.

Gwilbreuf, Juin 2008
Myspace Urban Trad:

Omnia "Alive" (Banshee records)

Bientôt un an que le dernier album de Omnia intitulé Alive ! est sorti. Il était grand temps de le chroniquer dans ces colonnes. Surtout que le groupe néerlandais franchit un nouveau palier avec cet album en proposant un produit splendide. Imaginez, la précieuse galette repose dans un digilivre somptueux de 36 pages dans lequel toutes les illustrations sont signées de Alan Lee (Le seigneur des anneaux, Faeries,…). Des dessins qui collent à merveille à l’univers du groupe. Une initiative qui, je l’espère, convaincra les amateurs de Omnia de posséder l’album original. Ce groupe (comme tant d’autres) le mérite vraiment.
Musicalement, il n’y a rien à redire, Omnia est bien le meilleur groupe de Pagan folk du monde. Le groupe puise ses textes parmi les plus grands auteurs et on retrouve dans Alive ! des adaptations de textes de Shakespeare, de Poe ou encore de Lewis Carroll.
Dès les premières notes de « Wytches Brew », une force indicible nous emporte dans un monde étrange où Omnia règne en maître. Bruit de la foudre, vieille à roue sortie des prémices du monde et un final où résonne les hurlements des loups, le groupe maîtrise les ingrédients qui ont faits son succès. Et de musicien hors pair, Steve Sic s’improvise aussi conteur avec beaucoup de succès sur le morceau suivant puisque l’artiste nous conte en 9 minutes le chef d’œuvre d’Edgar Allan Poe, « Le corbeau » (« The raven »).
Omnia reste le maître de l’adaptation de musiques celtiques pour les transformer en véritables danses tribales. « Richard Parker Fancy » est en ce point un authentique chef d’œuvre avec sa première partie magique et son duo flûte – harpe puis une fin de morceau en apothéose avec cette fois un duo flûte –didgeridoo qui est devenu une sorte de marque de fabrique du groupe.
Une musique bâtit pour rentrer en transe et célébrer Dame nature et consorts.
Jenny est quant à elle une véritable déesse de la harpe, son style est d’une beauté à se damner. Le titre final « Fairy Tale » est d’une beauté insoupçonnable, un titre à la mélodie assez triste mais qui ne laissera pas insensible. Jamais une ballade finale n’aura déversée autant d’émotion.
Le groupe s’attaque à travers le titre « The Elven Lover » à l’un des textes les plus connus de la musique médiévale que nous connaissons mieux sous le nom « Scarborough Faire ». L’adaptation qu’en livre Omnia est somptueuse, la force des voix païennes parvenant à faire oublier la délicatesse des voix médiévales.
L’ombre du paganisme plane sur toute cette œuvre et les hommages et références aux créatures fantastiques sont nombreuses. Les musiques néo païennes se succèdent pour célébrer la sexualité débridée des satyres (« Satyr Sex ») ou l’équinoxe (« Equinox »), point culminant de nombreuses célébrations païennes. Une force tellurique sans précédent vient se mêler aux daburkas, bouzoukis, vieilles à roue et autres didgeridoos pour nous livrer un moment de transe chamanique unique. Jamais Dame nature n’aura eu pareil hommage, Alive ! donne vie à tout un pan de notre imaginaire.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, Omnia s’entoure des plus grands artistes de la scène médiévale avec la présence de Michael Popp (Qntal) sur « Equinox » et Oliver Pade (Faun) sur « Wytches Brew » et « Fairy Tale ».

PS : A titre personnel, je ne pouvais m’empêché de signaler que, dans le livret, le groupe remercie Robert Holdstock, mon écrivain préféré, pour son magnifique cycle « La forêt des mythagos ». A lire absolument…

Gwilbreuf, Juin 2008
Myspace Omnia :
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=81611709

dimanche 1 juin 2008

Fairy World 4 (Prikosnovenie)

Laissez vous conter Prikosnovénie, tel aurait pu être le sous titre de ce Fairy World tant cette 4ème édition se plait à transporter l’auditeur sur les différentes planètes de l’univers Prikosnovénie. Ce 4ème voyage réserve une place de choix à la toute nouvelle famille du label, Mandala, une famille dédiée à la relaxation et au zen. L’occasion de découvrir les nouvelles signatures et artistes de cette famille que sont les Poussières d’étoiles, Crista Galli, et Alizbar. Si les deux premiers groupes proposent des musiques très contemplatives et méditatives, le jeu de harpe du moldave Alizbar touche le plus profond de notre âme par sa féerie et l’émotion diffusée. Sa musique ressemble à du Caprice sans parole, un moment de bonheur et d’onirisme simple et touchant. L’apothéose de la musique relaxante est atteinte avec Lys et son titre « En approchant des rivages bleus ». Carillon, bruit des vagues de l’océan, violon thérapeutique de Ivo Sedlacek, tous les ingrédients sont réunis pour un voyage intérieur en quête de soi même, le chemin vers un foisonnement de questions qui résonne en chaque être.
Cette compilation permet aussi de retrouver les dernières sorties du label marquées par des albums de très grande qualité comme en atteste les merveilleux titres de Corde Oblique, Caprice et Irfan.
Au rayon des bonnes surprises, signalons le duo nantais Shira°Zed qui en mélangeant traditions marocaines et electro downtempo nous livre une musique inspirée et envoûtante. Un métissage de grande qualité qui on l’espère, débouchera sur un album avec prikosnovénie.
Et comme un Fairy World ne serait pas un Fairy World sans son lot d’inédits, « Prikos » nous offre un florilège de titres inédits par la crème du label. Onze H 30, Mediavolo, Antrabata, autant d’exemples du dynamisme de la scène française qui a su trouver au sein du label féerique, une véritable structure pour accompagner et développer les musiques que nous aimons et défendons.
Enfin du côté des attentes, le sublime morceau de Luigi Rubino, le pianiste de Ashram, confirme tout le potentiel de l’artiste. « Duca bianco » est un petit bijou de musique néo classique, un moment intense sublimé par la prodigieuse voix de Claudia Florio. L’album solo de Luigi devrait constituer un des moments fort de cette nouvelle année prikosnovénienne.
Bien plus qu’une simple compilation de promotion de ses artistes, Fairy World est aussi l’occasion de caractériser l’univers Prikosnovénie à travers les images et le dessin. Un univers graphique pensé pour bâtir l’osmose parfaite avec la musique. L’image et le son ne font alors plus qu’un et ce livre cd fait toute la lumière sur cette œuvre singulière et originale.
Avec ce Fairy World 4, Prikosnovénie continue d’écrire son histoire, une histoire qui dure désormais depuis plus de 15 ans pour notre plus grand bonheur.
Gwilbreuf, Juin 2008
Blog Prikosnovénie : http://prikos.canalblog.com/

Gwendal "Best Of" (Keltia musique)

Gwendal, un nom qui m’évoque mes premiers souvenirs de musiques celtiques. La découverte d’un vinyle, dans les disques de mes parents, à la pochette étrange où figure un géant jouant de la bombarde constitua un véritable choc musical. D’ailleurs cette anecdote est matière à une première critique envers ce Best Of, il n’y a aucun titre extrait de ce mythique premier album de Gwendal. Celui-ci étant sorti chez EMI, il se peut qu’une simple question de droit soit à l’origine de tout cela. En fait, on s’aperçoit très vite à l’écoute de ce disque qu’il souffre d’un manque de représentativité évident puisque les 15 titres du Best Of sont extraits de seulement 3 disques malgré les nombreux albums du groupe. C’est encore une fois le jeu des labels qui doit être à l’origine de cela puisque le précédent best of de Gwendal, Aventures celtiques, est paru chez EMI en 1998 et ne comporte qu’un titre en commun avec le disque présent (« Glaz noz »).
Ici, les morceaux sont piochés au sein des trois derniers albums du groupe, Glen River (1989), Pan ha Diskan (1995) et War-Raog (2005) le dernier album studio en date. L’équité est, en revanche respectée, avec 5 morceaux pour chacun de ces disques présentés dans l’ordre chronologique.
Passé cette déception, force est de constater que les titres choisis sont très bons et même s’ils ne couvrent que la deuxième partie de carrière du groupe, ils donnent un bon aperçu du style Gwendal.
Si le groupe peut s’enorgueillir d’avoir su développer un style instrumental original et raffiné, c’est avant grâce au talent de Youenn Le Berre, un virtuose de la bombarde et de la flûte, seul membre présent depuis le début du groupe en 1972.
La musique de Gwendal est uniquement instrumentale et frappe par son évidence. Les mélodies défilent avec beaucoup de légèreté (« Glaz Noz ») répétant parfois des ambiances entêtantes (« Noces de granit »). Le groupe aime innover et brasser de multiples influences allant du rock au jazz en passant par des sonorités plus étranges comme sur le surprenant « Aber drac’h ». Gwendal, c’est aussi l’esprit des pionniers (« Date Prisa »), une musique d’aventuriers qui sent bon la joie de vivre.
Les titres extraits du dernier album n’ont rien à envier à leurs aînés. « Joke » (tout comme « Stone jig » et « Stand all ») s’inscrit dans la grande tradition de la féerie celtique développée par le groupe grâce à sa flûte enchanteresse et légère qui semble flotter sur la musique. « Gave hot » déborde d’énergie et montre la vitalité du duo bombarde – guitare électrique.
Enfin, « War Raog » (qui signifie «En avant » en breton) symbolise à merveille l’ouverture du groupe puisque ce morceau sonne comme une fuite en avant vers la diversité musicale chère à Gwendal avec un morceau qui emprunte bien plus à Dire Straits (toute proportion gardée) qu’à la musique celtique.
Même si au final ce Best Of s’avère tout à fait dispensable, il n’en demeure pas moins une occasion de découvrir une partie de l’œuvre de Gwendal. De plus, associé à Aventures Celtiques il permet d’obtenir un condensé de la carrière de ce groupe mythique. Toutefois, il s’avère préférable de se procurer les albums studios, les deux extrêmes Irish Jig et War-Raog formant, dans un genre différent, de véritables portes d’introduction à l’univers de Gwendal.
Gwilbreuf, Juin 2008
Site Officiel : http://www.gwendal.eu/

Amaseffer "Exodus : Slaves for life" (Inside Out/SPV)

Les métalleux aussi fêtent le soixantième anniversaire de la création d’Israël par l’intermédiaire de Amaseffer, un groupe qui réunit notamment Mats Leven, le chanteur de Therion. Exodus : Slaves for life est donc le premier volet d’une trilogie racontant le périple et l’histoire du peuple juif. Une sorte de 10 commandements version métal pour résumer grossièrement les choses. Ce projet s’avère très inspiré et tire sa réussite en grande partie grâce à l’utilisation d’un orchestre symphonique qui instaure une ambiance digne des plus belles fresques de l’antiquité. Un gros travail a aussi été réalisé sur les bruitages pour bâtir un décor auditif époustouflant.
L’introduction est sublime et nous plonge dans l’abîme du temps (« Sorrow »). Flûte envoûtante, voix en hébreu, on comprend que, plus qu’une histoire, Exodus : Slaves for life cherche aussi à retranscrire une ambiance propre au peuple juif. Le titre « Slaves for life » constitue le premier single et le chef d’œuvre de l’album. Le début du morceau fera inévitablement songer aux musiques des films épiques avec cette voix poignante et ce parfum oriental. Toutes les images de notre inconscient ressurgissent alors, plaines arides s’étendant à l’infini, les sommets des pyramides se perdant dans les nuages et au milieu du chaos des coups de fouet, le peuple juif réduit en esclavage. Un premier morceau qui met la barre haute, très haute et qui a donc tendance à éclipser les autres morceaux malgré leurs qualités évidentes.
Tout l’album est transcendé par l’orchestre qui livre une partition remarquable, une musique qui maîtrise son sujet du début à la fin évoquant souvent des moments sombres mais pouvant aussi lorgner du côté de l’allégresse, de l’héroïsme ou de la bravoure (« Birth of deliverance »).
Certes, certains reprocheront qu’au milieu de toutes ces orchestrations les guitares sont parfois en retrait mais elles demeurent tout de même mise en avant sur « Wooden Staff » et sur l’émouvant titre final « Land of the dead ».
Les instruments ethniques accompagnent avec beaucoup de subtilité le « melodic metal oriental » de Amaseffer. Même les accents hébreux de la ballade (« Zipporah ») dégagent une forte émotion, le chant poignant de la chanteuse n’étant pas étranger à cette vague d’émotivité.
Au final, l’impression laissée par l’album est excellente, d’autant plus qu’avec le recul l’exercice s’avérait très périlleux. Exodus : Slaves for life réussi, on attend désormais une qualité équivalente pour le reste de la saga.
Gwilbreuf, Juin 2008