lundi 24 novembre 2008

Qntal "Purpurea" (Drakkar entertainment)

Après 17 ans de carrière et six albums, le groupe allemand d’électro médiéval Qntal nous offre un double best of intitulé Purpurea. Certes, avec la crise de l’industrie du disque, les « Best Of » étaient relayés au rang d’archives historiques. Toutefois, il faut bien reconnaître que se replonger dans les meilleurs titres du groupe allemand est un véritable plaisir. Surtout que ce double cd ne se contente pas d’aligner les « tubes » du groupe mais propose sur le deuxième disque de nombreuses versions remixées. Mais revenons d’abord sur l’histoire de ce groupe hors du commun. Qntal, c’est avant tout un side project du groupe médiévale Estampie fondé par Michael Popp, Sigried Haussen et Ernst Horn. Ce dernier a quitté le groupe en 1999 et fut alors remplacé Philipp Groth qui s’occupa de toute la partie musique électronique, Michael Popp s’occupant des instruments moyenâgeux et Sigried prêtant son incroyable voix envoûtante à ce singulier projet musical. Car Qntal est le pionnier d’un genre musical assez osé et qui n’a jusqu’ici pas connu d’équivalence, l’électro médiéval. En effet, cette union peut paraître déconcertante mais il suffit d’écouter un titre comme « Am morgen fruo » pour comprendre la parfaite alchimie développée par le trio allemand. Les rythmes électroniques parfois savoureusement dansants (« Ludus », "Flamma" ou encore le remix de « Glacies ») prennent un malin plaisir à se greffer à une orchestration médiévale parfois subtiles (« Von den Elben ») mais très souvent diaboliquement somptueuses (« Palästinalied ») divaguant dans les couloirs du temps pour notre plus grand plaisir.
Mais Qntal ne se contente pas de cette orchestration originale et puise ses textes parmi les plus grands auteurs médiévaux allemand tel Walther Von Der Vogelweide (« Am morgen fruo ») ou parmi les plus beaux poèmes de l’époque même en ancien français comme le souligne les titres « Départir » et « Entre moi et mon ami ».
Qntal est un groupe exceptionnel, qui a beaucoup fait pour notre mouvement musical et les 27 titres de Purpurea rendent au groupe tout le mérite qu’il lui revient.
Enfin puisqu’il n’est pas trop tard, rappelons que Qntal se produit mercredi 26 Novembre à La locomotive pour un concert exceptionnel et partagera l’affiche avec Faun et Elane.
Gwilbreuf, Novembre 2008

http://www.myspace.com/qntal

jeudi 20 novembre 2008

Von Magnet "Ni prédateur ni proie" (Jarring Effects)

Von Magnet est un collectif français qui sort avec Ni prédateur ni proie son onzième album. Déjà 23 ans que ce collectif multi disciplinaire brave les frontières pour développer une philosophie musicale hautement réfléchie et quasi mystique. Ce nouvel album est l’occasion d’une plongé en terre palestinienne pour délivrer un message de paix et de fraternité, illustré par une pochette magnifique où une main peinte en noir serre une main blanche mais aussi par un titre Ni prédateur ni proie qui cristallise les rêves d’un peuple.
Longtemps étiqueté « electro-flamenco », force est de constater que le groupe s’est éloigné du flamenco pour des sonorités du Moyen-Orient prises dans l’étau entre tradition arabe et tradition hébraïque. Par ce parallèle entre électro et musique orientale, on pourrait voir surgir la filiation avec les nantais de Orange Blossom mais la comparaison s’arrête là. Von Magnet est un groupe plus hétéroclite orchestrant de savants grands écarts entre plusieurs sources d’inspirations. De plus, leur musique vire parfois à l’expérimental quand le groupe n’hésite pas à produire un titre quasi-silencieux (« Bare hands ») ou des morceaux abstraits (« Splinter of glass »). Von Magnet évolue dans un univers polyglotte, entrecoupé de nombreux dialogues cinématographiques. Les quelques phrases compréhensibles sont plutôt troublantes (« Mon corps tressaille, c’est mon âme qui jouit » dans « Growing vs. Fading »).
Mais au milieu de ce chaos post industriel avec ses envolées musicales angoissantes surgit comme un rayon de lumière la chaleur de la musique orientale majestueusement mise en valeur par ses percussions (« Mostar angels »). Sûrement déroutant, il faudra peut-être plusieurs écoutes à l’auditeur pour apprécier ce nouvel opus de Von Magnet.
Il y a de la folie et du rêve chez ce groupe, une folie saine mais néanmoins tourmentée qui guidera l’auditeur dans les méandres de terres orientales non apprivoisées.
Gwilbreuf, Novembre 2008

jeudi 6 novembre 2008

Loreena McKennitt "A Midwinter Night's Dream" (Quinland Road/Keltia Musique)

Peut-être que son mini cd A winter garden : five songs for the season lui avait laissé un goût inachevé, toujours est-il que Loreena McKennitt a décidé de repartir de ces 5 titres pour son nouvel album A Midwinter Night’s dream. L’artiste canadienne interprète 8 nouveaux morceaux pour compléter son ode à la saison hivernale, ce qui porte le nombre total de titres à 13 (élémentaire).
Après les ambiances chaleureuses de Ancient Muse et des précédents albums qui célébraient les périples des celtes en Asie mineure et orientale, Loreena McKennitt revient ici à une tradition très anglo-saxonne avec cet album célébrant Noël et la saison hivernale. A ce titre, l’illustration de la pochette, par ses tons, s’inscrit elle aussi dans l’imagerie anglo-saxonne.
Parmi les 5 titres déjà connus, nous soulignerons le fabuleux « God Rest Ye Merry, Gentlemen » dans une extraordinaire version (Abdelli version) aux touches orientales de 7 minutes 20, un régal. Pour le reste, A Midwinter Night’s Dream s’aventure sur quelques sentiers nouveaux. Loreena délaisse un temps la langue de Shakespeare avec un chant en latin (« Emmanuel ») et surtout un texte chanté en ancien français de toute beauté (« Noël Nouvelet »). Un titre très médiéval qui conjugue l’imaginaire du noël moyenâgeux et le style de Loreena. Quelques instrumentaux viendront aussi accompagner les fêtes de fin d’année. C’est le cas de« The holly & the ivy », un morceau traditionnel qui n’est pas sans évoquer le folklore du centre de la France. Un titre qui dénote un peu au milieu de cet album. « Breton Carol » est un joli instrumental, un peu mélancolique qui tranche franchement avec le titre « Gloucestershire Wassail » sorte de stéréotype du chant de noël, un chant plein d’allégresse et de communion.
Il se dégage de cet album une vraie féerie de noël et l’on aimerait l’écouter au coin du feu près d’un immense sapin en regardant par la fenêtre la bise hivernale envelopper les enfants qui jouent avec les premières neiges. Enfin, tout ceci reste bien sûr propre à l’imaginaire qui flotte autour de Noël puisque hormis certaines zones montagneuses, il ne neige que très rarement durant cette période.
Après le long mutisme qui s’est opéré entre 1999 et 2006, Loreena McKennitt est bien de retour et en deux albums et un live elle a pu démontrer que son talent n’avait pas pris une ride et A Midwinter Night’s Dream n’est qu’un disque de plus parmi l’excellente discographie de l’artiste canadienne. Enfin, même si cela vous parait encore très loin, il est quand même difficile de ne pas finir cette chronique par un : « Merry Christmas and Happy New Year / Nedeleg Laouenn ha Bloavezh Mat ».
Gwilbreuf, Novembre 2008

lundi 3 novembre 2008

Cécile Corbel "SongBook vol.2" (Bran music/Keltia musique)

Cécile Corbel nous ouvre son deuxième carnet de chansons avec Songbook vol.2. Un album dans la continuité du premier, l’effet de surprise en moins, mais le style de la harpiste bretonne est toujours merveilleux. L’univers de Cécile Corbel se complait dans le monde des contes et légendes et plonge l’auditeur dans des histoires de chevaliers, de pirates, de demoiselles amoureuses et d’animaux qui parlent. Des histoires parfois simples et infantiles mais qui font le bonheur de nos âmes rêveuses (« Sweet song »). L’ambiance n’est pas sans rappelé les fêtes de fin d’année (« Corpu Christi Carol ») et la douce voix de Cécile parviendra à réchauffer plus d’une chaumière. Songbook vol.2 est un subtil mélange de musiques et textes traditionnels avec des compositions originales. On retrouvera la magie des notes pop celtiques (« En la mar ») de Cécile Corbel dans un album chanté en français, anglais, séfarade et gaélique. Un univers celtique sans frontière qui s’affirmera encore un peu plus avec le sublime instrumental « Innocence » et ses sonorités orientales. Présent aussi sur ce disque le très joli « Sans faire un bruit » que nous avions pu découvrir sur la compilation de La nuit des fées paru chez Prikosnovénie.
En plus des classiques harpe, guitare, violon, Cécile Corbel s’ouvre sur ce disque à d’autres instruments tels que le piano (« Painted Veil ») ou la cornemuse (« The great Selkie »).
On regrettera seulement que le duo avec Jimme O’Neill soit un peu niaiseux (« Lover’s farewell »), on imagine aisément nos deux artistes chanter cette ballade sur un tapis volant en parcourant les mondes enchantés décrits par l’album. Après tout, la facilité ne fait jamais de mal.
Reste que Cécile Corbel négocie parfaitement le virage du deuxième album avec la création d’un univers voire d’une musique qui lui est propre. Son style s’affirmant de la plus belle des manières, on attend désormais avec impatience de la voir dans le rôle de Anne de Bretagne dans la nouvelle saga de Alan Simon, un disque qui devrait sortir en décembre.
Gwilbreuf, Novembre 2008

http://www.myspace.com/cecilecorbel

Sortie Nationale le 17 Novembre 2008