Après une première collaboration très convaincante,
Sava sort un deuxième opus intitulé
Metamorphosis et franchit une nouvelle étape. Le titre de l’album n’est pas anodin et témoigne de la volonté de transformer et de métamorphoser des airs anciens, de s’accaparer des bribes de culture pour perpétuer une tradition et un art.
Même si le mot maturité pourrait faire galvaudé, on peut parler de véritable richesse et d’épaisseur dans les compositions.
Birgit Muggenthaler de
Schandmaul et
Oliver s.Tyr de
Faun vous convie à un voyage vers la musique baroque pour une métamorphose des sons. Ces derniers se font plus médiévaux que dans
Faun où parfois le groupe gravit les versants obscurs de la musique vers des horizons gothiques.
Ici, les instrumentaux sont empreints de fraîcheur, enjoués, avec de délicieuses envolées musicales comme cette flûte baladeuse sur « Stances ».
Sur le premier morceau, magnifique scottish, on reconnaîtra un passage musical déjà présent dans le « an dro » de
Faun. Les textes ont beau être majoritairement des textes traditionnels, pour les musiques il s’agit très souvent de compositions originales mais évidemment avec une influence de mélodies médiévales certaine.
A ce propos, au milieu des cornemuses, bouzoukis, harpes et autres flûtes on s’étonnera presque de la présence d’un accordéon sur le très beau « hurly burly ».
On appréciera l’épuré « La rosa », un classique du répertoire de la musique juive séfarade. Un morceau où la simplicité de la mélodie apparaît comme une évidence à travers cette complémentarité de la flûte et de la harpe. Il y a du beau dans ce disque et un amour indéfectible pour la culture baroque et le raffinement des sons. Les mélodies celtiques ne sont pas en reste avec « Eilean » (signifiant île en gaélique), véritable déclaration d’amour à l’
Irlande, île où se cristallisent beaucoup de fascinations pour tous les amateurs de cultures celtiques.
Même si l’album renferme de nombreux instrumentaux,
Birgit Muggenthaler chante sur plusieurs titres avec une voix mystérieuse et envoûtante. Surtout, l’artiste n’hésite pas chanter un très beau texte en français sur « Stances », un texte du poète baroque français
Jean Auvray s’interrogeant sur la nature de l’homme orgueilleux et mutin. En onze titres,
Sava livre un album complet où les mélodies entraînantes (« Ar hyd y nos ») succèdent aux sonorités plus lancinantes (« El rey de mundo »). Un album exceptionnel, symbole d’une passion de
Sava pour leur registre musical, un album qui provoque un émoi timoré mais indissoluble, une musique qui se ressent commue un gage de beauté, comme une lueur d’espoir intransigeante vers les meilleurs de nos sentiments. Incontestablement, l’album de cette fin d’année.
Gwilbreuf, Décembre 2008