vendredi 30 novembre 2007

Les Goristes "Kig ha farz mambo" (Keltia musique)

Pour sortir de notre univers souvent mélancolique, un peu d’humour ne nous fera pas de mal avec le septième album des Goristes au titre détonnant Kig ha farz mambo. Le kig ha farz étant un plat régional breton qui signifie littéralement viande et farce. Au programme, 16 nouveaux titres où les paroles tiennent une place prépondérante puisqu’elles jouent avec malices et autodérisions sur les clichés de la Bretagne et de la société. Les Goristes, ce sont 8 gaillards qui portent chacun une lettre du mot g-o-r-i-s-t-e-s sur leur tee shirt en concert et qui se définissent comme 800 kg de chansons brestoises en référence à leurs généreux embonpoints qu’ils assument fièrement. A l’instar des Glochos, Les Goristes chantent la Bretagne mais plus particulièrement Brest, leur ville, qu’ils représentent fièrement, participant ainsi à la culture brestoise au même titre qu’un Miossec dans un autre registre. La musique de nos brestois est très minimaliste, utilisant seulement quelques accords à la guitare, au piano ou à l’accordéon mais vous l’aurez compris, ce n’est vraiment pas l’essentiel dans leur musique. Toutefois, Les Goristes n’ont pas hésités à composer des musiques exotiques (« Kig ha farz mambo », « Grésil »). Concernant les paroles, elles sont souvent très réussies (« Camping car », « Breizh Cow-boys ») mais on regrettera la tournure démagogique voir populiste qu’elles prennent parfois (« La tirelire » et dans une moindre mesure « Le cassoulet politique »). En revanche, saluons la chanson engagée de l’album (« Brest poubelle océane »).
Evidemment, Kig ha farz mambo est un album dont on se lasse assez vite mais cela fait du bien de temps à autre d’écouter Les Goristes.

Moving Hearts "Live in Dublin" (Keltia musique)

Moving Hearts est un groupe irlandais de folk musique peu connu dans nos contrées malgré le prestige dont jouit le groupe auprès de certains amateurs de musique celtique. Ce manque de renommé provient avant tout d’un manque de longévité. En effet, le groupe formé en 1981 par Donal Lunny et Christy Moore (du groupe Planxty) se sépare en 1985. Et encore, sur cette courte période, Moving Hearts a connu deux périodes bien nettes, une première avec Christy Moore au chant remplacé suite à son départ par Mick Hanly en 1982, puis suite au départ de ce dernier le groupe ne fera plus que de la musique instrumentale. Une courte histoire donc, marquée par de nombreux changements mais qu’importe, le groupe vient de se créer un public conquis pour les décennies à venir. Il faut dire que le son que proposent les irlandais passe pour « révolutionnaire » à l’époque. En effet, Moving Hearts propose un mélange de musique traditionnelle irlandaise et de rock and roll auquel s’ajoute des éléments jazz grâce à la présence d’un saxophone virevoltant qui semble agir comme un électron libre. D’ailleurs l’utilisation d’un saxophone pour de la musique folk fait songer au groupe belge actuel Aedo. Moving Hearts s’est reformé en 2007 et a livré en février un concert exceptionnel à Vicar Street à Dublin. C’est ce show que nous propose aujourd’hui Keltia musique sous la forme d’un coffret cd + dvd. Le cd audio reprend évidemment les titres du live mais on s’étonnera que l’ordre des morceaux soit inversé par rapport à ceux joués sur scène. Un concert de près d’une heure vingt qui nous permet de revivre toute l’intensité de la musique des irlandais. Le morceau qui représente le mieux l’esprit Moving Hearts est sans contestation « Category » où saxophone et uilleann pipes se répondent mutuellement pour nous livrer un son très jazzy rempli de chaleur. Le groupe joue parfois des morceaux à tonalité franchement celtique « The storm » n’hésitant pas à puiser aussi dans le répertoire traditionnel « May morning dew ». Live in Dublin est indispensable pour tous ceux qui ont connus Moving Hearts à la grande époque, quant aux autres je leur conseille vivement de découvrir.

mercredi 28 novembre 2007

Hexperos "The garden of the hesperides" (Equilibrium music)

Hexperos est duo italien composé de la soprano Alessandra Santovito qui assure le chant et la flûte et du contrebassiste Francesco Forgione qui assure aussi les claviers et la guitare. Pour leur premier album, The garden of the hesperides, le duo s’est offert les services d’une harpiste et de deux violonistes. Hexperos joue une musique néo classique proche parfois de la musique classique voire de la musique de chambre. Pour autant, l’univers des italiens reste profondément attaché au gothique. Leur musique est très esthétique et le travail de composition est remarquable. La magie s’opère autour de la magnifique voix de Alessandra qui se veut cristalline et évanescente quand elle ne personnifie pas tout simplement la beauté religieuse (« Ave Maria », « Nana »). Mais la magie s’opère aussi autour de la musique, véritable invitation à la découverte d’un monde onirique singulier qui puise ses références aussi bien dans les classiques du genre comme Arcana et la face sombre de Dead Can Dance ou chez des artistes comme Gabriel Fauré ou In the nursery (« The warm whisper of the wind ») pour ses orchestrations martiales. A l’intérieur de cet environnement musical, la magie s’opère aussi autour du jeu de harpe de Francesca Romana Di Nicola qui dégage une sensibilité très prononcée notamment sur le morceau « Loto Nero », véritable chef d’œuvre, ou sur le morceau « Winter Rhymes » qui parvient en quelques accords à nous dépeindre la froideur et la désolation hivernale. Beau et mélancolique à la fois, The garden of the hesperides est une réelle réussite qui place beaucoup d’espoir autour de Hexperos. Incontestablement le chef d’œuvre de cette fin d’année.

lundi 26 novembre 2007

Dwelling "Ainda E Nite" (Equilibrium music)

Retour sur le troisième album des portugais de Dwelling Ainda E Noite paru, comme les deux premiers, sur le label de leurs compatriotes Equilibrium music. Il y a un pré requis indispensable pour aimer Dwelling, c’est d’apprécier le fado. En effet, Dwelling mélange ce courant musical portugais qui repose sur une interprétation mélancolique accompagnée par des instruments à cordes pincées avec la musique néo classique. La sensibilité de la voix de Catarina Raposo (que l’on a depuis pu entendre sur l’album de Corde Oblique) se mélange aux guitares classiques et portugaises pour le style fado tandis que les violons assurent l’esprit néo classique du disque. On aurait tendance à croire que le fado va se marier parfaitement à l’ambiance néo classique tant les univers de ces deux genres musicaux apprécient les mélodies mélancoliques et pourtant on ne pénètre que rarement dans la sensibilité que veut faire passer Dwelling. Peut être doit on chercher du côté de l’utilisation de la langue portugaise la raison de cette frontière qui se dresse entre l’auditeur et la musique des portugais. En effet, alors que la langue étrangère permet souvent de renforcer le caractère exotique de la musique, ici, la langue portugaise ne permet pas de faire ressentir la froideur de l’univers voulu par Dwelling. Reste que cet album n’est pas complètement manqué et réserve tout de même de belles surprises comme les instrumentaux d’ouverture et de clôture (« Vigîla » et « Opus DcXVI ») où le violon tient une place prépondérante et où on ressentira quelques influences jazzy sur le titre de conclusion. La voix de Catarina Raposo est certes agréable mais on a très vite l’impression que tous les titres se ressemblent. Pourtant, cette musique reste parfaitement adaptée en musique de fond. Vous l’aurez compris, Dwelling reste un groupe difficile d’accès mais les amateurs ne devraient pas être décontenancés puisque le groupe portugais reste fidèle à sa musique.
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=85119880

lundi 19 novembre 2007

Hanoi Rocks "Street poetry" (13bis records)

Hanoi Rocks. Pour ceux qui ne connaissent pas, voilà un nom de groupe bien étrange. Le nom de l’album Street poetry, l’est tout autant. Et que dire de cette pochette qui nous présente cinq vieillards, visiblement en manque de repères. Faut il prendre ces accoutrements pour une parodie ou ce groupe se prend t-il vraiment au sérieux ? Hanoi Rocks est en fait un groupe finlandais de glam rock punk qui fut formée au début des années 1980. La carrière du groupe fut brève puisqu’en décembre 1984, le batteur, Razzle Dingley, décède dans un accident de voiture et entraîne la séparation du groupe en 1985. Le groupe se reformera en 2002. Street Poetry est donc le troisième album de la deuxième période de Hanoi Rocks et l’on est rassuré dès les premières notes de « Hypermobile », il s’agit d’un bon hard rock à l’ancienne un peu heavy. La voix du chanteur est agréable sans être transcendante mais sait nous régaler sur un titre comme « fashion » par sa tonalité apaisée. Même si Hanoi Rocks délivre un hard rock calibré pour la FM (« Teenage revolution »), il assume aussi complètement son côté glamour (« Power of persuasion »). Les titres se succèdent et se ressemblent un peu, recasant les vieilles formules d’un hard rock éculé qui ne fait plus recettes. Street Poetry devrait laisser de nombreux auditeurs insensibles mais peut être que chez les vieux loups de mer qui ont connus le groupe dans les années 1980, l’écoute de l’album provoquera une certaine nostalgie.
http://www.myspace.com/hanoirocksofficial

Blackmore's Night "Paris Moon" (Steamhammer)

Blackmore’s Night sort un somptueux coffret intitulé Paris Moon qui regroupe un dvd live d’un concert donné à Paris à l’Olympia en 2006 et un cd audio qui reprend de nombreux morceaux du live. Parlons tout d’abord de la forme puisque le coffret revêt l’apparence d’un vieux grimoire et devrait obtenir une place de choix sur vos étagères. Sur le cd audio, on retrouve 10 morceaux des 19 présents sur le dvd auquel s’ajoute une version studio de « The village lantern » et la version radio edit du très dispensable « All because of you » tant ce morceau sonne commercial. Intéressons nous désormais au live qui permet de retrouver sur scène les plus grands morceaux du groupe comme l’énergique « Under a violet moon » et le succulent « Fires at midnight » où Ritchie Blackmore, l’ancien membre de Deep Purple nous gratifie d’un long et merveilleux solo de guitare. On regrettera seulement que sur certains morceaux le synthétiseur se substitue aux instruments notamment sur « Play minstrel play ». En revanche, il faut saluer les nombreux morceaux où l’on note l’apparition de vrais instruments notamment sur l’excellentissime « World of stone » où Candice Night joue de la chalemie comme sur le titre « The clock ticks on » où de surcroît, Ritchie nous offre une belle introduction à la vielle à roue et où un couple de sonneurs vient participer à la grandiose conclusion de ce titre. La plupart des morceaux sont très longs et permettent à Ritchie de nous montrer toute sa dextérité à la guitare (« Ariel ») et de sortir pour quelques instants de la musique médiévale en jouant un court extrait de la célèbre musique juive « Havah Nagilah » sur le morceau « Home Again » et en jouant « l’hymne à la joie » de Beethoven après le rappel du public. Ce dernier parait un peu timide en début de concert pour finalement être euphorique lorsque la prestation scénique de Blackmore’s Night s’achève. Il faut dire que Candice Night parle et joue beaucoup avec son public. Certains lui reprocheront d’ailleurs son côté niais avec ses sourires permanents exacerbés mais Blackmore’s Night reste un groupe respectable à la démarche sincère qui a su s’approprier la musique médiévale pour nous en livrer une version totalement différente que celles que proposent des groupes comme Faun ou The moon and the nightspirit. Ce Paris Moon représente un bel objet qui permettra de goûter aux charmes du groupe en live pour les connaisseurs et de découvrir un groupe important de la scène féerique pour les autres.
http://www.myspace.com/blackmoresnight1

vendredi 16 novembre 2007

Tri Yann "Abysses" (Marzelle/Sony Bmg)

37 ans de carrière et pourtant ce nouvel album intitulé Abysses marque une première. En effet, c’est le premier album dont les paroles et musiques sont 100% Tri Yann. Abysses se veut la suite (et fin) du diptyque consacré à la mer commencé par le précédent album de Tri Yann, Marines, sorti en 2003. Cet opus faisait suite à l’album Le Pélégrin sorti en 2001 et remarquable pour sa grande qualité et ses compositions très abouties, preuve en est s’il le faut que Tri Yann continue de jouer une musique de qualité. Alors que Marines chantait les évènements se déroulant sur les flots, Abysses, lui, s’intéresse aux fonds marins. A ce titre, la pochette présente, de manière humoristique, une boîte de pâté Hénaff au fond de la mer bretonne. Musicalement, on reconnaît le style Tri Yann, notamment sur un titre comme « Dans la lune au fond de l’eau » qui s’avère fédérateur et entraînant. Le premier titre « Gloire à toi Neptune ! » se démarque par sa programmation qui lui donne un son électro. Sur «La solette et le limandin », on retrouve des influences médiévales que l’on retrouvera plusieurs fois sur l’album (sur « Bransle des murènes » par exemple, chanté en latin) grâce en partie à l’utilisation d’instruments comme le Cromorne ou la Chalemie. On retrouvera bien évidemment, étant donné le thème de l’album, une chanson chantée en breton sur la ville d’Ys « Lorc’hentez Kêr Is ». Le ton se fera ensuite plus mélancolique pour aborder un sujet grave, à savoir les misères et les ennuies d’une petite sirène (« Petite sirène »). Tri Yann abordera aussi un épisode peu connu de l’histoire de la seconde guerre mondiale, le drame du Lancastria (« Lancastria ») avant de nous livrer un instrumental endiablé (« Tir-fo-tonn »). L’album se finit mystérieusement par une plage de 6 minutes 38 où l’on semble plonger dans les fonds marins. Une bien belle façon de conclure ce bon album qui conjugue un thème fédérateur à une créativité musicale intacte.
Site officiel :http://edoll.free.fr/

lundi 12 novembre 2007

Old Blind Dogs "Four on the floor" (Compass records/Keltia musique)

Les vieux chiens aveugles (Old blind Dogs) reviennent avec un nouvel album intitulé Four on the floor. Comme d’habitude, le quatuor écossais rend un bel hommage aux mélodies celtiques grâce à 12 morceaux qui nous baladent sur les terres de Keltia. Des gavottes bretonnes (« Breton ») aux airs galiciens (« Danza do Liño » présent sur le titre « Jigs ») sans oublier un magnifique chant en gaëlique («Beinn A’Cheathaich »), c’est tout un pan de la musique celtique qui parvient à nos oreilles. On trouvera sur cet album quasiment autant d’instrumentaux (souvent entraînant à souhait « Harris Dance ») que de chansons. La fin d’album se laisse aller à une certaine nostalgie puisque l’on retrouve des classiques de Old Blind Dogs comme « Braw Sailin » et surtout « Bedlam Boys/The rights of man », un titre explosif porté par un chant magnifique révolté. L’album se finit par deux titres live, à savoir le fabuleux « Branle », une branle écossaise de toute beauté, hypnotique et incantatrice qui fait songer à certains airs du centre de la France, et le titre « The Bonnie Earl O Moray ». Four on the floor diffuse une musique de qualité qui ravira tous les amateurs de musiques celtiques, d’ailleurs ce n’est pas un hasard si Old Blind Dogs vient d’être nominé pour la finale des Scots Trad Music Awards dans la catégorie « Best folk band ».
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=71181876

vendredi 9 novembre 2007

Ewen Delahaye Favennec "Tri men" (Dylie/Coop Breizh)

Nos 3 compères qui forment le trio E.D.F, à savoir Patrick Ewen, Gérard Delahaye et Mélaine Favennec nous reviennent avec un nouvel album intitulé Tri men. 4 ans après l’album Kan tri qui avait reçu un très bon accueil, nos vieux loups de mer ont gardés le même esprit et nous content leur amour pour la Bretagne et plus particulièrement leur Bretagne, celle de l’après 68, révoltée et festive. Un album plein de souvenirs qui oscille entre nostalgie et humour tout en accordant de la place à des chants engagés comme le magnifique morceau « A la guerre », véritable réquisitoire contre la nature profondément meurtrière de l’Homme. Autre morceau intense, « Lampedusa », qui nous conte avec beaucoup de sensibilité la « misère » des immigrants qui arrivent à Lampedusa. Du côté de la musique, les compositions rendent hommage à la country et au folk à coups de banjo et d’harmonica (« Vieux frère »). Les accords folk de la guitare accompagnent cette fois encore des chansons chantés en anglais (« Identity »), en breton (« Spered an tan ») et en français. Le violon n’est pas oublié pour autant comme sur le dynamique et nostalgique « Les belles années 70 » que l’on aimerait entendre dans un pub. Côté humour, on pourra se délecter du passionnant « Sur le port de Concarneau » qui relate une aventure arrivée à nos compères le 24 février 1973 ou du savoureux « Logonna » où l’auditeur reconnaîtra sans difficulté le titre « woodstockien » « Gloria ». Le trio EDF a le sens de la comptine doublée d’un message pertinent (« Pollution Solution »). Au final, Ewen Delahaye Favennec délivre une musique sur laquelle plane la joie de vivre et une certaine fraîcheur. Une musique jouée par des musiciens hors pairs qui nous livrent leur conception de la liberté, de l’aventure, de la vie et de la Bretagne. Un album magnifique tant l’alchimie entre les 3 compères atteint des sommets.

lundi 5 novembre 2007

Le prochain album de Mike Oldfield.

Musics of the spheres est le titre du prochain album (très attendu) de Mike Oldfield. Certes, la pochette est assez laide (comme souvent chez Mike Oldfield mais l'important est ce qu'elle contient) et les derniers albums de Mike était assez décevant mais comme le multi instrumentiste a affirmé vouloir revenir avec cet album à un son plus complexe proche de ses albums du début, on est en droit d'espérer.
Réponse le 21 janvier 2008 chez Mercury records.
Pour en savoir plus sur cet album ou sur Mike Oldfield en général, je vous conseille ce blog d'un fan très bien fait:
Sinon, le site officiel (pas très à jour) se trouve à cette adresse :

Yearning "Merging Into Landscapes" (Holy records)

Yearning est un groupe finlandais qui œuvre dans le registre du doom orchestral metal. Merging Into Landscapes constitue leur cinquième opus et sort 10 ans après leur premier album With tragedies adorned. Yearning reste obsédé par les thèmes sombres et la mélancolie et compose un son unique en soutien à un nihilisme exacerbé. Dès l’introduction en latin, on comprend que la joie de vivre ne sera pas le thème de l’album. En effet, dans un style très « ambient », « Nascentes morimur » nous raconte qu’au moment où nous naissons, nous commençons à mourir. La conclusion de cet album « Nemo Ante Mortem Beatus » développe la même philosophie, personne n’est heureux avant sa propre mort. L’auditeur est donc prévu, Juhani Palomäki a une vision de la vie quasiment similaire à la tradition Cathare, l’enfer est sur Terre et seul la mort peut délivrer l’Homme de ses souffrances. Parmi les thèmes ainsi abordés dans cet album, on retrouvera les amours impossibles, les addictions notamment envers l’alcool dont souffre Juhani, la nécrophilie et le dégoût de la vie en général. On trouvera même un très beau poème en finnois « Datura Stramonium ». Concernant, la musique, le métal est magnifiée par l’utilisation des claviers qui viennent soutenir le chant sombre et funéraire de Juhani. Les meilleures lignes de chant sont accomplies lorsque la voix féminine de Tina Sitomaniemi vient soutenir la voix de Juhani créant ainsi une dualité de toute beauté. La meilleure réussite étant le long morceau « Kaleidoscopic Inscape », puissant et mélancolique à la fois. Les parties orchestrales viennent rivaliser avec les parties métals pour un enchevêtrement musical qui ne laissera pas l’auditeur insensible. L’autre grande réussite de l’album s’incarne dans le morceau « Return » où la musique se fait quasi psychédélique pendant que le chant de Juhani prend toute sa mesure tant sa tristesse et sa mélancolie saisit l’âme de l’auditeur. Merging Into Landscapes s’avère être une réussite, une plongée lente et funéraire vers la mort, une mort qui s’exerce quelque part dans l’hiver glaciale de Finlande avec Yearning pour maître de cérémonie.

High Tone "Underground wobble"(Jarring Effects)

Underground wobble (Oscillations souterraines en français) est le cinquième album du quintet lyonnais High Tone. Il faut ajouter à cette discographie, les nombreuses collaborations du groupe avec d’autres artistes tels que Kaly live dub, Wang Leï ou encore Zenzile. Sur Underground wobble, le groupe lyonnais continue, avec une bonne base de « Digidub », d’explorer de nombreux univers musicaux. La force de High Tone reposant sur cette recherche d’abstraction, sorte de graal musical diffusant des effluves d’onirisme. Ce nouvel album comprend 15 morceaux, ce qui est beaucoup et constitue 80 minutes de musique. Pris dans sa globalité, l’album dégage une unité et un ensemble cohérent. Pourtant, chaque morceau dégage une émotion et une sensibilité particulière, que ce soit la mélancolie de « Glowing fire », l’exotisme oriental de « Day break leaving » ou les accents très western de « Do not panic » où l’ombre de Ennio Morricone plane. L’architecture sonore de High Tone utilise à profusion les scratchs et les samples de dialogues de films. Une architecture savamment pensée sur laquelle vient se greffer de nombreuses improvisations afin de donner cette impression de chaos musical entêtant « Freakency ». High Tone, continue d’étonner et de détonner, parvenant en permanence à se renouveler sans trahir sa vision de la musique.

Elend "A world in their screams" (Holy records)

Elend est un duo franco-autrichien fondé en 1993 par Iskandar Hasnawi et Renaud Tschirner. Au fil de leurs carrières, de nombreux membres sont venus se greffer à ce groupe unique. Elend délivre une musique orchestrale puissante et dark qui surprend par son aspect grandiose sans tomber dans le grandiloquent. Après avoir consacré un cycle de 4 albums à l’Office des Ténèbres, Elend voulait consacrer 5 albums à son nouveau cycle : Le cycle des vents. Finalement, A world in theirs screams est le troisième et dernier album de ce cycle puisqu’il le clôture. Une narration en français, sombre, ténébreuse et élégante a été choisie. L’écriture est de nouveau tourmentée et nihiliste. On pensera parfois à l’univers Lovecraftien dans sa description de « l’autre monde » mais c’est surtout aux enfers de la mythologie grecque que les références sont les plus nombreuses. On trouvera notamment plusieurs passages de l’album chantés en grec ancien dont le premier morceau « Ophis Puthôn » qui nous plonge dans l’abîme du temps. Lors de cette descente aux enfers, on peut imaginer ce que fut l’épreuve de nos prédécesseurs, Orphée ou Héraclès, pour rejoindre le royaume d’Hadès et de son épouse Perséphone. Une ambiance poisseuse et oppressante nous guide jusqu’à Charon où le vieillard nous fera traverser le Styx à l’aide de sa barque. Des sons venues d’ailleurs tour à tour, expérimentaux, évanescents ou apocalyptiques grâce aux cordes stridentes ou aux percussions martiales suffisent à renforcer ce caractère de malaise. « Malheur aux hommes de bien car ils seront les esclaves d’esclaves » ou « Je fis offrande à Perséphone de cette veine pleine d’un sang si noble » sonnent comme des échos sans retour d’un monde où la fin des temps est proche. Borée, le vent du nord dans la mythologie grecque, dans le morceau éponyme connaîtra son heure de gloire, la musique devient puissante et les multiples cries suffisent à effrayer les survivants. Le souffle glacial du nord suffit à répandre le chaos.
En 11 titres, Elend anoblit le règne de l’obscurité, personne ne pourra survivre à cette apocalypse « Userpens ». Elend délivre une musique unique, qui avec des instruments classiques, va bien plus loin dans l’exploration des ténèbres que de nombreux groupes de métals qui vont dans ce sens. Amateurs de musiques sombres et d’orchestrations puissantes, vous ne pouvez pas passer à côté de ce A world in theirs screams.