jeudi 31 janvier 2008

Kinovia "Knjiga Pelinova" (Cynfeirdd)

Knjiga Pelinova est le nouvel album du groupe serbe Kinovia. Cet opus est sublime et diffuse une musique subtile où les influences d’Europe de l’est se font intelligemment sentir. Kinovia est un peu le penchant serbe du groupe Ashram combiné au mysticisme orthodoxe du groupe Irfan. A l’instar des bulgares, les serbes de Kinovia sont très influencés par le religieux et en particulier par le mouvement gnostique et le mysticisme orthodoxe. Cette influence pèse sur leurs paroles qui possèdent un caractère religieux prononcé. Pourtant, leurs musiques sont d’inspirations néo classiques et accordent naturellement une place de choix au piano, violon et violoncelle. Kinovia s’appuie sur l’extraordinaire voix de Nikola Urosevic comme en témoigne le magnifique « Basilico ». Il y a de la magie dans les voix, empreintes néanmoins de la tristesse du folklore des Balkans (« Lelej »).
La musique est elle aussi souvent mélancolique, venant parfaitement soutenir l’intensité de la voix (« Vaskliknite Bogovi »). Le pianiste Milos Miljkovic sait nous émouvoir en quelques notes, preuve en est le titre « Gone » qui forme l’alchimie parfaite avec la voix de Nikola.
Une musique qui peut s’avérer enjouée et dynamique comme l’atteste le final de « Dorothea » ou le quasi instrumental « Entfremdung : Kafka and the clocks of the Apocalypse », un titre d’une beauté inouïe pour illustrer le manichéisme permanent du monde.
Knjiga Pelinova est un album somptueux, original, enrichissant et empreint de poésie. Un groupe rafraîchissant et novateur, à découvrir absolument.
Myspace de Kinovia :

mercredi 16 janvier 2008

1er numéro du fanzine de Omnia

Le groupe Omnia publie son propre fanzine intitulé Raven times. Au sommaire de ce premier numéro, un carnet de voyage, une rapide retrospective du parcours de Jenny, les hobbies de Luka, une recette de cuisine et un article sur Edgar Allan Poe. Mais surtout, on apprend que Omnia prépare un dvd live qui se veut original et pour lequel le groupe recherche des acteurs. Même si l'ensemble se lit aisément, je regrette que le groupe ne propose pas d'articles de fond sur le paganisme ou sur la manière de conçevoir ou d'appréhender leur musique. Peut être dans le prochain numéro ?
Pour recevoir Raven Times, il suffit de s'inscrire au Pagan Clan en cliquant sur le lien ci dessous puis de cliquer sur Fan Club puis de remplir le formulaire.

Alan Simon prépare un opéra sur Anne de Bretagne

Alan Simon, le musicien nantais, déjà auteur de Excalibur et Excalibur 2 :l'anneau des celtes, va composer un opéra sur Anne de Bretagne. La célèbre duchesse bretonne
sera interprétée par la jeune harpiste Cécile Corbel. Un projet séduisant donc, auquel participeront notamment l'orchestre symphonique de Bretagne, le bagad de Quimperlé et Didier Squiban. La sortie de l'album sera suivie d'un concert au château des ducs de Bretagne à Nantes et au château de Blois, lieu où la duchesse est morte en 1514.

lundi 14 janvier 2008

Joel Frederiksen "The Elfin Knihght" (Harmonia mundi)

The Elfin Knight (le roi des elfes) est une oeuvre de Joel Frederiksen et de son ensemble, l’ensemble Phoenix Munich. Un album qui permettra à l’auditeur de découvrir le répertoire anglais de la renaissance que l’on ait tenté de nommer abusivement musique médiévale. On s’aperçoit que cette musique est très éloignée de ce que joue des groupes comme Corvus Corax ou Faun. Ici, point de cornemuse ou d’expérimentations électroniques, mais seulement des luths et ses dérivés (théorbe, colachon) ainsi que viole de gambe, flûte et percussion. Au programme, une musique raffinée et esthétique soucieuse de récréer l’atmosphère et les ambiances d’époque. Mais l’œuvre accorde une place prépondérante à la voix et surtout à celle de Frederiksen, basse au timbre exceptionnel.
The Elfin Knight est un disque copieux qui propose tout de même 23 titres et 78 minutes 47 de secondes de musique. Comme d’habitude avec Harmonia Mundi, la qualité du produit se manifeste par un luxueux livret de 68 pages qui accompagne l’enregistrement et qui contient une interview de Joel Frederiksen ainsi que l’intégralité des textes en français, anglais et allemand. Un livret très utile qui permettra de mieux comprendre le travail et la conception du projet. De plus, la lecture des textes s’avéra passionnante pour ces allusions historiques ou pour ses nombreux thèmes développés : Amour courtois, esprit et valeurs chevaleresques,…
D’un point de vue musicale, les morceaux pourront en déconcerter certains tant les mélodies semblent à des années lumière des mélodies actuelles. Pourtant, certains titres sont vraiment magnifiques à commencer par le premier titre «Whittingham Faire » ou par le très connu « Greensleeves », ici magnifiquement interprété. Les rare instrumentaux sont souvent très courts (un seul dépasse la minute trente) et développe un certain raffinement. Seul « Untitled and Corne yairds » possède une réelle énergie et offre une place de choix aux percussions.
Concernant les paroles, les amateurs de l’esprit chevaleresque devraient être servis. La majorité des morceaux sont des variations du même thème, à savoir l’amour courtois. Un amour souvent triste, où l’amant chante ses mésaventures amoureuses (« Fortune, my foe ») ou l’amour impossible et la séparation inévitable (« Farewell, lovely Nancy »). « Barbara Ellen » s’inscrit typiquement dans la tradition du troubadour solitaire puisque Joel Frederiksen, seulement « armé » de son luth nous conte une histoire terriblement triste où le héros va littéralement mourir d’amour et la fin heureuse ne pourra exister que dans la mort. Certains morceaux font référence à des évènements historiques. Ainsi « Lord Darly » chante le destin de Henry Stuart, le Lord Darly, qui persécuta les favoris de son épouse, Marie Stuart, jusqu’à faire assassiner le secrétaire privé de celle-ci, David Rizzio. Le lord Darly paiera cher ce complot et sera lui-même assassiné l’année suivante. « Watkin’s Ale » est une chanson salace qui nécessite une lecture attentive des paroles. Enfin, notons une version de « Scarborough Faire » qui ne parviendra pas à faire oublier la magnifique interprétation de Simon & Garfunkel. Un travail remarquable et une qualité d’interprétation de l’imaginaire chevaleresque qui font de The Elfin Knight un album à découvrir. A vos destriers chevaliers…
Et pour le plaisir des yeux et des oreilles, l'inoubliable version de Simon & Garfunkel de "Scaborough Faire".

samedi 12 janvier 2008

Session de rattrapage

Il y a parfois des albums que l’on reçoit et pour lesquels on ne trouve pas le temps d’écrire une chronique voir tout simplement de les écouter. Soit par manque de temps, soit à cause d’une qualité médiocre qui ne donne pas envie de se lancer dans l’écriture. Voici donc une petite session de rattrapage pour 3 albums de métal qui sont passés entre les mailles du filet en 2007. Nous commencerons par le meilleur album du lot, à savoir Symphony X avec son Paradise Lost qui est sorti en juin 2007 sur le label Inside Out. Ensuite nous nous intéresserons aux finlandais de Soulgrind et leur album Pakana paru chez Holy records. Enfin, pour clore cette session, nous chroniquerons le premier album de Engel qui regroupe plusieurs « noms » de la scène métal et qui est paru chez SPV.
Paradise lost (Inside Out) est le huitième album du groupe américain Symphony X. L’introduction « Oculus ex Inferni » est somptueuse et ne tremble pas de la comparaison avec le « O fortuna » de Carl Orff tant elle développe des tonalités grandioses et épiques combinés à des accents wagnériens impeccables. D’ailleurs la même recette sera appliquée au long titre final « Revelation », une bien belle façon d’ouvrir et de conclure cet album de 10 titres. Entre temps, on aura le droit à de longs morceaux de métal progressif lorgnant plus que d’habitude sur le power métal. On retrouvera de longs passages instrumentaux souvent énervés mais parfois très acoustique et calme. Le deuxième titre « Set the world on fire » se démarque par sa puissance et par son refrain accrocheur, sûrement le meilleur morceau de l’album. Les fans devraient s’y retrouver mais il est vrai que l’on a connu mieux chez Symphony X, leur meilleur album restant l’indétronable The divine wings of tragedy.
Soulgrind porte la ravissante étiquette « Pagan melodic dark », une étiquette qui d’habitude suscite un grand intérêt de ma part. Pourtant, Pakana (Holy records) se révèle sans originalité et ne surprend que rarement. Même la ballade « Frost shines blue » est plate. On pourra tout de même mettre en avant la belle voix de Miss W. lilith qui parvient à égayer de nombreux morceaux car la voix death du chanteur est pompeuse et fait dans la démesure jusqu’à atteindre un niveau franchement ridicule. En revanche, quand Soulgrind cherche à donner un côté plus heavy à ses compositions, c’est tout de suite franchement mieux et ces dernières gagnent en intensité. La plupart des titres sont seulement sauvés par des refrains accrocheurs, le titre « Pakana » en est le meilleur exemple. Bref, un album à vite oublier.
Absolute design (SPV) est le premier album de Engel, mais n’allez pas croire que ce sont des novices puisque dans la line up du groupe on retrouve que des ex-membres de groupes plus ou moins connus. En revanche, à l’écoute de l’album on peut allégrement croire qu’il s’agit de novices tant la musique sonne creux. Engel recherche son style sans jamais vraiment l’appréhender, le côté hésitant se faisant toujours plus ou moins ressentir. Certes, certains morceaux sont bons voir très bon (quoi que ?) mais franchement à quoi bon parler d’un album aussi mauvais…


mercredi 2 janvier 2008

Nolwenn Korbell & Soïg Sibéril "Red" (Coop Breizh)

Après 2 albums, parus en 2003 et 2006, qui connurent un vrai succès, auprès de la critique comme auprès du public, Nolwenn Korbell a décidé pour son troisième album de s’entourer uniquement du guitariste Soïg Sibéril. Une direction qui annonce un album épuré et intimiste. Le titre de l’album Red ainsi que la pochette reflète cette simplicité et ce style volontairement épuré. A noter que l’album présente tout de même une forme luxueuse puisqu’il est accompagné d’un dvd. Ce dernier contient deux titres live (« Yannig ha mai » et « Glav ») ainsi qu’un documentaire d’une vingtaine de minutes intitulé Red ar vuhez où l’on voit Nolwenn et Soïg durant l’enregistrement de l’album et en concert, notamment au festival de Cornouaille. Mais ce nouvel album se veut en partie une réinterprétation intimiste et personnelle des chansons de Nolwenn Korbell puisque sur les 14 titres de l’album, 7 sont des reprises des deux précédents albums. Parmi les nouveaux morceaux, on appréciera les 2 titres engagés que sont « Bugale Breizh » qui fait un parallèle ingénieux entre le drame du Bugaled Breizh et la condition du peuple breton et le titre « Anna » en hommage à Anna Politkovskaïa, la journaliste russe assassinée le 7 octobre 2006. On trouvera aussi une reprise très réussie du morceau « Turn, turn, turn » de Pete Seeger, une légende de la folk song américaine. Soïg Sibéril accompagne ingénieusement Nolwenn, ses accords collant parfaitement à l’ambiance légère et intimiste que souhaitait la chanteuse bretonne, ses anciens morceaux prenant ainsi une autre dimension. Comme muselé par son rôle un peu en arrière plan, le guitariste se rattrape avec l’instrumental « Daoulamm ruz », plein d’énergie qui nous montre la dextérité du musicien sur son instrument. Les thèmes de Nolwenn tournent souvent autour de l’amour mais la chanteuse sait choisir ses mots pour nous livrer des textes de grande beauté qui méritent d’être écoutés ou relus plusieurs fois. Une utilisation de la langue bretonne qui fait plaisir à entendre et qui confirme tout le talent de la chanteuse compositrice.
Un bel album, sans artifices, simple et magnifique où les mots, la voix et la guitare suffisent.

Omnia "Cybershaman" (Autoproduction)

Le groupe Omnia, que l’on ne présente plus tant il s’est imposé comme la référence absolue de la scène Pagan folk, s’est « amusé » à sortir un EP de six titres, intitulé Cybershaman, présentant des morceaux de leur album Pagan folk remixés à la « sauce » électro. Ce sont donc les groupes Transit poetry et Fortress qui ont eut la lourde tache de revisiter le répertoire du groupe néerlandais en essayant de lui insuffler une flamme électro sans dénaturer la teneur de la musique. Premier reproche, il est dommage que sur seulement six titres, on ait le droit à deux fois « Tine bealtaine » et deux fois « Pagan polska ». Deuxième reproche, non seulement on a des morceaux en double mais en plus il s’agit du même groupe qui revisite deux fois le même titre (Transit poetry pour « Tine bealtaine » et Fortress pour « Pagan polska »). Heureusement, cet EP présente plusieurs points forts notamment une jolie pochette qui nous montre la délicieuse harpiste du groupe, Jenny, en pleine transe. Concernant les morceaux, il faut bien avouer que la recette fonctionne et que le résultat donne une électro chamanique aux ambiances cyber celte que le titre de l’album résume bien. Les plus réussis sont les morceaux « Dil gaya » et « Teutates » qui nous plonge dans une musique rythmée où la vieille à roue nous transporte au plus profond des ages anciens, dans un vacarme tellurique hors du commun.
Une curiosité qui ne plaira pas à tous les fans de Omnia mais l’expérience étant réussie, elle mérite que l’on n’y prête une oreille attentive.
Le myspace de Omnia sur lequel vous pouvez écouter le morceau "Dil gaya" extrait de Cybershaman :