dimanche 23 mars 2008

Gamma Ray "Land of the free II" (SPV)

12 ans après Land of the free paru en 1995, le groupe allemand Gamma Ray nous livre une suite. 12 ans soit 12 titres de Power Metal d’une force et d’une énergie bienvenue. Fidèle à leur esprit, Gamma Ray joue un metal efficace et accrocheur où les guitares roucoulent de plaisir dans des solos ravageurs et où la voix de Kai Hansen est souvent limite mais reste un bonheur auditif sans pareil.
La force du son Gamma Ray s’exprime à travers des morceaux comme « When the world » où les guitares font vibrer toutes leurs puissances, le refrain rageur de Kai Hansen ne faisant que grossir ce tsunami musical. Même constat sur « From the ashes » qui livre des riffs surprenants mais jouissifs.
Mais Gamma Ray n’est pas juste une débauche d’énergie, c’est aussi un génie musical remarquable pour le titre « Empress » qui reprend le chant révolutionnaire « Plaine ma plaine » rendu célèbre par les chœurs de l’armée rouge. Saluons aussi les deux longs morceaux de l’album « Opportunity » et « Insurrection », très épique dans leur conception.
Land of the free II a toutes les qualités d’un grand album. Qui a dit que les suites n’étaient jamais réussies ?
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Kamelot "Ghost Opera : The 2nd coming" (SPV)

Kamelot réédite son dernier album Ghost Opera dans une précieuse édition double cd. Le principal atout de cette réédition est aussi son principal défaut. En effet, le premier disque correspond exactement, si ce n’est l’ajout de deux vidéos, à l’album paru l’an dernier. La principale nouveauté concerne donc le deuxième disque qui propose un live avec des titres enregistrés lors d’un concert à Belgrade et 4 studio cuts. On voit ainsi tout de suite le dilemme important qui se posera au possesseur de Ghost Opera, ce live justifie t-il le rachat de l’album ?
Sur la forme, la pochette reste dans le même ton que la première édition et j’aurais même tendance à préférer cette nouvelle version. L’album Ghost Opera ayant déjà été chroniqué sur ce site, inutile d’en redire du bien et nous nous intéresserons ici uniquement au disque bonus.
Le live à Belgrade propose 10 morceaux et permet de retrouver toute la force et la puissance du groupe américain sur scène. La voix caractéristique de Khan est toujours irrésistible et on retiendra notamment les magnifiques «When the lights are down » et « March of Mephisto ». On retrouvera aussi un duo avec Simone Simons du groupe Epica (cela devient une habitude) sur le titre “The haunting”.
Concernant les 4 nouveaux morceaux, Kamelot propose avec « Seasons End » une ballade assez conventionnelle mais dans la plus grande tradition du groupe. « Pendulous fall » repose essentiellement sur le refrain rageur de Khan. « Epilogue » est un très beau morceau de conclusion que l’on retrouve aussi dans les morceaux du live. Enfin, un remix de « Rule the world » clôture cet album, un remix surprenant mais au final très efficace
Pour ceux qui n’avaient pas fait l’acquisition de Ghost Opera, cette réédition est une merveilleuse opportunité de se rattraper avec ce prestigieux double cd. En revanche pour les autres, la qualité du deuxième disque justifie t elle le rachat d’un disque que vous possédez déjà ? Là réside la question. Mais vos finances devraient vous permettre d’y répondre facilement.
http://www.myspace.com/kamelot

Mike Oldfield "Music of the Spheres" (Universal)

Mike Oldfield est de retour et cette fois ci, il ne devrait pas décevoir son public. Finalement sortie dans une quasi indifférence générale, Music of the Spheres a pourtant toutes les qualités pour réconcilier Mike avec son public. En effet, après des années de médiocrité, seuls quelques irréductibles attendaient Music of the Spheres avec impatience. Preuve de cette disgrâce, l’album était vendue en France avec un autocollant « Par le compositeur de Tubular Bells », c'est-à-dire son premier album sorti en 1973 ! Il est vrai que l’époque bénite du vinyle et des premiers albums semble loin et ce n’est pas Tres Lunas (2002) et Light & Shade sorti en 2005 qui aurait laissé augurer d’un quelconque espoir. Et pourtant…
Et pourtant sur la forme rien ne change, la pochette de l’album est assez moche ou disons qu’elle aurait été très belle à la fin des années 80. Mais musicalement, fini les expérimentations électroniques, Mike Oldfield revient aux fondamentaux. Tout d’abord, il inscrit sa musique dans une vraie réflexion autour d’une théorie très ancienne appelée Musica Universalis qui dit que le soleil, la lune, les étoiles et chaque corps céleste possède sa propre musique mais que l’oreille ne peut les entendre. Mike s’est interrogé sur ce que pourrait donner ce son et Music of the Spheres est le fruit de ce projet ambitieux. La structure aussi revient à un classique découpage en 2 parties mais chacune d’elle comprend 7 morceaux.
Le premier morceau « Harbinger » est très représentatif de la nouvelle direction prise par Mike Oldfield, une musique symphonique de qualité qui prend toute sa dimension grâce à un imposant orchestre, le Sinfonia Sfera Orchestra. L’orchestration prend tous son sens dans les nombreuses thématiques de l’album, tour à tour épiques (« The tempest », « Empyrean »), grandioses, grandiloquentes ou éthérées (« Silhouette »). On semble percevoir des incursions fantomatiques de Tubular Bells au détour de certains morceaux (« Musica Universalis »). De plus, la présence des chœurs souligne à merveille l’émotion de la musique (« Aurora »). Ces combinaisons donnent parfois l’impression d’être en présence d’une bande originale de film, mais après tout, il s’agit simplement de la bande originale de la vie, des corps célestes et des sphères. Une musique qui se veut par essence intemporelle et il sera très intéressant de voir comment cet album résiste à l’épreuve du temps. En revanche, on regrettera que le multi instrumentiste britannique ne se cantonne ici qu’à l’utilisation de la guitare classique.
Si vous avez aimé le Mike Oldfield des débuts, vous ne pourrez qu’être enthousiasmés par cet album qui ravivera à votre souvenir, ceteris paribus, la prestigieuse période des années 70.
http://www.mikeoldfield.com/ (le site officiel)
http://www.mike-oldfield.net/ (le site d'un passionné très complet)

vendredi 21 mars 2008

Album Live de Faun

C'est un évènement, Faun sort son premier album live. Un enregistrement du Pagan Folk Festival puisque l'album s'intitule justement Faun & The Pagan Folk Festival - Live. Un album qui sortira le 28 mars et qui ne devrait pas décevoir les nombreux fans du groupe. Le titre 'Tinta" extrait de cet album est d'ailleurs en écoute sur le msypace du groupe.
A noter aussi l'arrivée d'un nouveau membre
dans le groupe puisque Elisabeth Pawelke (chant, vieille à roue) a quitté le groupe et est remplacée par Sandra Elflein (photo), une musicienne très complète puisqu'elle joue du violon, de la flute, de la guitare et du piano.
http://www.myspace.com/paganfolk





Festival de Cornouaille

Certes en Bretagne, nous n'avons ni les Anthinoises, ni le festival Trolls & Légendes qui nous permettraient de voir des artistes comme Faun, Omnia, The moon and the nightspirit, Corvus Corax,...
En revanche l'amateur de musiques celtiques trouvera largement son compte dans les nombreux festivals se situant sur la péninsule armoricaine. Chacun ayant sa petite spécialité, l'amateur de harpe celtique se rendra à Dinan pour les rencontres internationales de harpe celtique et l'amateur de danses bretonnes se rendre à Guingamp pour le festival de la Saint Loup. Nous reviendrons plus tard sur le très célèbre festival interceltique de Lorient quand la programmation sera connue. Je voulais surtout parler de la très belle programmation du festival de Cornouaille qui se déroulera du 19 - 27 juillet à Quimper. Visez plutôt cette programmation : Plantec, Urban Trad, Lunasa, Georgian Legend (les plus belles danses du monde), Red Cardell, Alan Stivell, Les ramoneurs de menhirs, Louise Ebrel, Bagad Kemper, Merzhin, I Muvrini, Sonerien Du, Dan ar Braz, Cécile Corbel,... et surtout (le meilleur pour la fin) la présence de Loreena McKennitt.

News Cécile Corbel

Des nouvelles de notre harpiste préférée avec cette jolie affiche de Cécile Corbel et l'annonce d'un prochain album. En effet, Cécile sera tout le mois de mai en studio pour finir son deuxième album. Elle sera aussi présente lors de la nuit des étoiles celtiques lors du festival de Cornouaille le vendredi 25 juillet.

Un best of pour Dream Theater

Dream Theater, le groupe référence du métal progressif sort son premier best of après 19 ans de carrière. Une pochette assez moche mais un double disque qui devrait régaler les fans avec deux disques : The dark side et The light side. Un manichéisme assez conventionnel donc pour un disque qui fera la part belle aux titres plutôt métal et un autre pour l'aspect plus mélodieux.
Sortie le 1er avril (et évidemment, cela n'est pas une blague).

jeudi 20 mars 2008

Arcana "Raspail" (Kalinkaland records/Prikosnovénie)

Dernière invitation dans les paysages rugueux de l’hiver avant l’arrivée du printemps, le dernier album du groupe suédois Arcana se complait dans les couleurs obscures malgré un artwork très coloré. Les photos de Raspail font surgir la densité et l’ambiance oppressante des forêts suédoises. Un amour pour la nature et les forêts qui traduit la présence de Peter et La Bjärgö au parti vert suédois.
Musicalement, Raspail est très court (moins de 40 minutes) mais permet en 10 morceaux de retrouver le style religieux de Arcana. Fini les ambiances ethniques de l’album Le serpent rouge, les suédois reviennent à un son dark atmosphérique teinté de néo classique. Surtout, ce nouvel album annonce le grand retour de la voix comme en atteste le sublime « Invisible motions ». Une voix, relais d’un ésotérisme religieux angoissant (« Autumnal ») ou d’une ambiance dark folk venue des forêts silencieuses et secrètes de Scandinavie (« Out of the Gray Ashes »).
Le nouveau venu au sein du groupe Mattias Borgh fait des merveilles aux percussions (« Parisal ») et soutient à merveille les atmosphères oppressantes et secrètes que diffuse le groupe (« In remembrance », « Circumspection »).
Même si la comparaison peut paraître facile, il est indéniable que le fantôme de Dead Can Dance plane sur cette œuvre énigmatique (« Abrakt », « Parisal »). Une comparaison d’autant plus aisée que la voix de Peter Bjärgo approche celle de Brendan Perry (« Lost in time »). Toutefois, là où leurs aînés parvenaient à se réinventer vers des horizons divers, Arcana a tendance à rester dans le domaine du dark atmosphérique.
Certes Raspail n’atteint pas la virtuosité des premiers albums mais cela reste un très bon cru qui satisfera aussi bien les amateurs de Arcana que les amateurs de dark féerie.
http://www.myspace.com/peterbjargo

Collection Alan Stivell part.2 (Keltia III/Harmonia Mundi)

Comme promis, voici les trois autres albums de Alan Stivell remastérisés et distribués par Harmonia Mundi. Ces trois albums présentent chacun une façade de la personnalité musicale du musicien breton. En effet, Terre des vivants date de 1981 mais montre déjà l’attachement de Stivell pour les expérimentations musicales. L’album se distingue par ses tonalités électroniques et par l’emploi de la langue française, sa langue maternelle. 1 Douar date de 1998 et souligne une valeur que Stivell a toujours véhiculé à travers sa musique, à savoir l’universalité de ses paroles. Pour l’occasion, il s’entoure de plusieurs personnalités de la musique world, notamment Youssou N’Dour et Khaled. Enfin, paradoxalement, l’année 2000 marque le retour de Alan Stivell vers ses racines et vers une musique celtique plus authentique avec l’album Back to Breizh. Un nom parfaitement adapté tant le chanteur clame son amour pour la Bretagne.
Terre des vivants (1981) déconcertera de nombreux auditeurs dès les deux premiers titres. En effet, « Terre des vivants » et « Rentrer en Bretagne » sont chantés en français et le phrasé du chanteur associé à une musique expérimentale un peu plate laisse un peu perplexe. Heureusement, les choses s’arrangent avec le long titre « Beg ar van » qui relate les événements de Plogoff. Véritable hommage au peuple du « bout du monde » qui sut se battre contre l’implantation d’une centrale nucléaire sur ses terres à la fin des années 70, le titre marque et touche grâce au chant rageur et sincère de Stivell. Mais « ‘Raok mont d’ar skol » nous rappelle à quel point certains titres peuvent très mal vieillir. Sur ce titre, Stivell nous joue une musique teintée d’électronique qui reste assez inaudible. La fin de l’album est de meilleure qualité. Stivell enchaîne des morceaux courts et variés assez réussis. Les deux « androïdes » nous livrent un rock celtique ciselé et efficace. Ensuite, Stivell rend hommage au peuple écossais à travers « Hidden through the hills » et l’instrumental « Cameronian rant ». Saluons pour finir le très entraînant « Q-Celts fiesta » dans un style dont seul Alan Stivell a le secret. Vous l’aurez compris, Terre des vivants ne fait pas partie des meilleurs albums de Stivell et son écoute n’est à conseiller qu’aux inconditionnels de l’artiste breton.
En 1998, Alan Stivell sort son album 1 Douar, ce qui signifie une terre. Un titre qui symbolise bien les opinions de l’artiste breton tant Stivell a toujours cherché à mettre en valeur dans sa musique l’universalité de sa pensée et de ses idées. Un album aux sonorités world évidentes qui fait le point sur les influences et les rencontres de l’artiste. 1 Douar s’impose comme un réquisitoire pour la paix et l’amour entre les peuples et ouvre une nouvelle voie pour le millénaire à venir, une manière de balayer toutes les horreurs du siècle passé. Une manière de faire avancer aussi la cause des peuples et langues minoritaires en réclamant une plus grande tolérance. Les collaborations les plus détonantes sont sans aucun doute les duos avec Khaled et avec Youssou N’Dour. Avec ce dernier, le duo prend une tonalité world surprenante et pourra déconcerter l’amateur de musiques celtiques. Après plusieurs écoutes, l’alchimie devient pourtant évidente, le breton s’adaptant au wolof et inversement. De la même façon, les duos avec Khaled distillent un parfum d’orient et contribuent à cette magnifique fusion des genres.
En revanche, l’esprit celtique plane tout de même sur cet album grâce à la présence de Paddy Moloney, le leader des Chieftains, pour un vibrant hommage au barde breton Glenmor et la présence du leader de Simple Minds, Jim Kerr, pour un magnifique « Scots are right ».
Mais cette abolition des frontières n’est pas seulement géographique, elle est aussi générationnelle grâce au duo avec les Sœurs Goadec (« La mémoire de l’humain »).
Même si musicalement 1 Douar n’est pas forcément un grand album, il est d’une sincérité absolue et atteint un idéal que s’était fixé l’artiste breton. Un quête que Stivell résume avec ces quelques mots : « Les frontières sont maintenant déjà fossiles, comme le sont leurs derniers gardiens ».
L’année 2000 marque le retour de Alan Stivell aux sources (après la parenthèse world de 1 Douar) avec cet album très justement nommé Back to Breizh. Un album sincère où l’artiste breton chante son identité et son patrimoine avec beaucoup de talent. Dès « Vers les îles et villes de verre », Stivell rend hommage, avec une énergie bienvenue, à la péninsule armoricaine, la terre de ses grands parents où il regrette de ne pas avoir vécu. Ainsi, après les quelques expérimentations électroniques des albums précédents plus ou moins réussies, Stivell revient à des musiques percutantes et énergiques. Le phrasé et chant de l’artiste sont tout autant réussis et les paroles font mouches. L’artiste breton rêve toujours d’une Bretagne fière de sa culture, de sa langue et de son pays « Rêve ». Il condamne les assoiffés d’argent « Ceux qui sèment la mort », un morceau d’anthologie sur lequel on notera la présence de scratch qui colle parfaitement à l’atmosphère du morceau. Il exhorte les bretons à aller de l’avant sans se soucier de la capitale tentaculaire « Back to Breizh ». De plus, l’album renferme quelques instrumentaux dont seul Stivell a le secret, notamment l’excellent « Rock harp ».
L’artiste rendra lui aussi un bel hommage à la mer d’Iroise avec un morceau sobre comme son titre « Iroise ». Enfin, pour être complet, saluons le magnifique « Arvor-you » où une flûte entêtante vient renforcer l’énergie obsédante du titre.
L’album se clôt avec deux grands succès de Stivell, à savoir « Brian Boru » et « Armoricaine (suite) » dans des versions chantées en français. Une façon de les appréhender différemment, leur message devenant compréhensible par un plus grand nombre. Au final, l‘album s’avère très engagé et démontre toute la hargne de notre chanteur breton.
A la lumière du temps, Back to Breizh s’affirme définitivement comme un des meilleurs albums de Alan Stivell, preuve que certains artistes peuvent faire des albums de qualité tout au long de leur carrière.
http://www.alan-stivell.com/

mardi 18 mars 2008

Le nouveau Mike Oldfield est arrivé !!

Depuis hier soir j'ai le nouvel album de Mike Oldfield et le retour du Boss fait vraiment plaisir. La première écoute fut plus que satisfaisante et permet de renouer avec un son plus classique et plus conforme aux sons du début. Fini les expérimentations des derniers albums et les ambiances éléctroniques et lounge de Light & Shade. On retrouvera avec beaucoup de nostalgie le créateur de Tubular Bells, notamment sur le sublime "Harbinger" qui accroche l'oreille dès la première écoute. La chronique bientôt.
Reste que je ne sais toujours pas pourquoi du haut de mes 23 ans, je suis devenu un inconditionnel de Mike alors que je n'ai pas connu ses heures de gloire et que nombreux sont ceux à considérer sa musique comme ayant mal vieilli. Mais après tout, l'essentiel reste les émotions que procure la musique. A bon entendeur...

dimanche 9 mars 2008

ChaoStar "Underworld" (Holy records)

Underworld est le quatrième album des grecs de ChaoStar. Un album sortit comme les trois précédents sur le label français Holy records. ChaoStar est un side project du groupe de métal Septic Flesh qui après avoir sorti en septembre 1998 un single d’inédits orienté vers les musiques classiques décida de créer le groupe ChaoStar afin de laisser libre cours à son imagination débordante. Le résultat est saisissant et démontre l’incroyable capacité qu’ont certains métalleux à sortir des clivages et des frontières musicales pour nous livrer des musiques incroyablement riches et travaillées. En effet, la musique proposée par les grecs est d’inspiration classique mais est recouverte d’un voile ténébreux. L’orchestration se veut volontairement grandiloquente et sombre créant une atmosphère souvent lourde, magnifiquement contrebalancée par les sublimes voix féminines chargées d’émotions.
Underworld propose logiquement la trilogie « Underworld » pour la première fois compilée, complétée par 3 titres rares et 4 nouveaux morceaux. La trilogie « Underworld » est une excellente introduction à l’univers musical de ChaoStar. L’architecture musicale laissant une place de choix à la démence et à la folie, on imagine parfaitement la musique des grecs soutenir l’ambiance oppressante d’un jeu vidéo ou d’un film.
Les sept morceaux suivants laisseront entrevoir différentes facettes du groupe. « Tartarus » respire la musique épique avec ses moments de bravoure et ses envolés musicales. « Elegy » et son piano fantomatique où un chant funéraire vient parachever cette descente aux enfers. « As hope » propose un manichéisme subtil avec ses psaumes en latin entrecoupés par de brefs moments de musique extrême. Preuve de la fusion des genres et des influences classiques de cet album, le morceau « Adagio » qui est une reprise d’une musique du compositeur italien Tomaso Albinoni sur laquelle vient se greffer un texte de Charles Baudelaire extrait du « cultissime » recueil Les fleurs du mal. Enfin, « The trip is not so long » propose un final enjoué aux accents folks très prononcés.
Underworld est une œuvre orchestrale et théâtrale véritablement envoûtante, un album qui se révèle d’une incroyable richesse et complexité, laissant entrevoir de nombreuses écoutes avant de percer tous les mystères de cette œuvre ésotérique.
http://www.myspace.com/chaostarofficial

mardi 4 mars 2008

Trobar de Morte "Legends of Blood and Light" (In the morning side records/Prikosnovénie)

La sortie d’un nouvel album de Trobar de Morte est un véritable évènement pour les amateurs d’imaginaire tant le groupe espagnol est imprégné par cette culture fantastique et multiplie les références à la mythologie, au moyen âge et au merveilleux en général. Ce nouvel opus intitulé Legends of Blood and Light propose, comme son nom l’indique, une partie obscure où règne les ténèbres et une partie où la lumière prédomine. Un manichéisme original même si dans les faits cette dualité s’exprime principalement à travers les paroles puisque la musique ne retranscrit pas vraiment cette opposition.
Les illustrations de l’album sont sublimes, le verso de la pochette proposant même un vaste champ de combat où l’on notera l’étonnante présence d’ours polaires. Un très grand soin a aussi été apporté au livret puisque qu’il regorge de nombreuses illustrations qui accompagnent fidèlement l’ambiance des textes.
Concernant l’album, la première victoire est pour le camp des ténèbres puisque la partie « Of Blood… » comporte 7 morceaux contre 6 pour la partie « Of Light… ». Musicalement, on notera la prédominance des claviers qui créent une atmosphère brumeuse seulement bouleversée par les percussions martiales qui semble battre le départ en guerre. Trobar de Morte repose essentiellement sur le talent de Lady Morte puisque la multi instrumentiste compose toutes les musiques et écrit toutes les paroles. Sa voix particulière pourra déconcerter certains auditeurs mais on s’y habitue très vite au point de parfois la confondre à celle de Lisa Gerrard (« Talisman »). Le groupe espagnol se fend lui aussi d’un un très bel hommage à la déesse celtique de la guerre sur le titre « Morrigan » mais ne parvient pas à faire oublier le titre éponyme de Omnia sur le même thème. Alternant entre chant en anglais et en espagnol, les textes nous invitent sur des terres mythologiques, dans le souffle magique des batailles épiques et des épopées guerrières. Certains, d’une noirceur abyssale n’auraient pas déplu à Lovecraft (« Inside the infinite abyss »).
La partie « Of Light… » rend hommage aux créatures merveilleuses que sont l’hippocampe (« Seahorse ») et la licorne (« The last Unicorn »). Elle renferme surtout le meilleur titre de l’album « Sorceress », un morceau splendide grâce à ses sonorités médiévales. La présence des Whistles favorisant cette atmosphère onirique moyenâgeuse. Peut être que Trobar de Morte gagnerait à insuffler cette énergie sur plus de morceaux.
Au final, Legends of Blood and Light est un album qui représente parfaitement la scène féerique espagnole. Un album qui possède quelques imperfections mais demeure sublime et emplit d’une grande sincérité. La passion de Lady Morte pour son art se ressentant dans chaque note et dans chaque mot.
Myspace : http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=90211002

Jack or Jive "Kakugo" (Prikosnovénie)

Le nouvel album de Jack or Jive s’intitule Kakugo en référence à un concept du Bushido japonais, autrement dit le code des principes moraux des samouraïs. Le Kakugo dit que « la voie du samouraï se trouve dans la mort ». Pourtant, cet album n’est pas un énième discours nihiliste sur le non sens de la vie. Il faut plus voir dans cet album une réflexion sur la mort et sur son impact dans la société japonaise moderne, une société qui, malgré ses valeurs passées, se perd dans les dérives du monde d’aujourd’hui.
Malgré la prolifique discographie du duo japonais, 4 années se sont écoulées entre leur précédent album Absurdity et ce Kakugo. Le début de l’album nous plonge dans l’esprit de l’album Prayer (1990) avec une introduction en forme de chaos contenu puis avec le titre « War scapes » où Chako fait l’étalage de sa sublime voix ténébreuse. Musicalement, la recette ne change pas, Makoto Hattori se charge de discrètes percussions et surtout des claviers. Les mélodies sont souvent aériennes et brumeuses, ce qui provoque l’étrange sensation que la musique et la voix de Chako sont entremêlées dans un vacarme sonore venu de l’au-delà (« Bodhisattva »). Plusieurs expérimentations vocales et sonores viennent agrémenter cet opus comme en atteste les cris de Chako sur « Shot arrow » ou les sons de cloche sur « At the national border ». L’ensemble demeure planant et diffuse la fameuse « zen attitude » japonaise.
Kakugo satisfera l’amateur de Jack or Jive même si certains trouveront que le duo peine à se renouveler et que sa musique sonne comme déjà entendu. Pour les autres, Jack or Jive reste un groupe mythique à découvrir impérativement.