jeudi 4 octobre 2007

Interview du groupe ARTESIA

Interview intégrale réalisée pour le numéro 12 du magazine KHIMAIRA



Artesia :
La face cachée de Brocéliande

Artesia est un jeune duo composé d’Agathe et de Gaëlle qui a sorti cette année son deuxième album Chants d’Automne chez Prikosnovénie. Un album très réussi qui explore la face sombre de la forêt de Brocéliande. Agathe a répondu à nos questions sur Artesia, le dernier album et ce que représente la célèbre forêt.

Khimaira : Peux tu nous présenter le groupe Artesia ?

Agathe : Bonjour, nous sommes un duo, Gaëlle (violon) et moi-même (synthé, chant) et nous officions dans le style heavenly atmosphérique. Nos titres sont lents et planants, à base de synthé, violon, chœurs, guitare et percussions. On nous rapproche le plus souvent de groupes tels qu’Arcana, Dark Sanctuary ou encore Dargaard et nos thèmes de prédilection sont la Nature et la féerie tels que nous les ressentons au sein de la forêt de Brocéliande où je vis depuis quelques années. J’ai commencé à écrire des morceaux à la fin de l’année 2001 lorsque j’ai eu mon premier synthé. Je ne savais pas si cela allait aboutir à un véritable résultat mais au fur et à mesure que les titres prenaient forme, j’ai pris tout cela plus au sérieux. Le nom d’Artesia était dans mes pensées depuis quelques temps et je l’ai conservé afin de lui donner vraiment vie. J’ai enregistré seule une première démo L’Eveil de l’âme en juin 2003 mais il s’agissait plus d’un premier essai que d’une production aboutie donc je ne l’ai pas distribuée. Quelques mois plus tard, j’ai demandé à Gaëlle de se joindre à moi pour assurer les parties de violon et c’est à ce moment que le groupe a pris une réelle importance pour moi. Un an plus tard, nous avons enregistré une seconde démo, l’Aube Morne, que nous avons distribué cette fois ci et qui nous a permis de nous faire une petite place au sein de la musique heavenly. Lorsque nous avons eu fini d’enregistrer notre premier album Hilvern, nous avons cherché un label et nous avons signé chez prikosnovénie. Notre deuxième album Chants d’Automne est sorti sur ce même label.


K : L’album « Chants d’Automne » est conçu comme un cycle, il démarre par une « invitation » et finit par l’arrivée de l’hiver, ceci est t il voulu ? Que symbolise selon toi le cycle des saisons et particulièrement l’automne ?

A : Bien sûr, les chansons suivent un ordre établi à l’avance. Nous avons voulu mettre en musique le passage de l’automne à l’hiver, tel qu’il pourrait être ressenti par les différentes créatures qui peuplent la forêt. Il est important pour nous d’avoir un thème assez précis lorsque nous écrivons des titres ; les morceaux doivent s’enchaîner logiquement tant musicalement que textuellement. Le cycle des saisons, malgré les troubles dont nous sommes aujourd’hui témoins, est le symbole de l’éternel recommencement, mais également celui du temps qui passe et nous rapproche chaque jour un peu plus de la fin. Il ne faut pas penser que nous avons une vision pessimiste de la vie humaine, mais nous avons conscience de ce mouvement perpétuel contre lequel personne ne peut lutter. L’automne est plus qu’une saison intermédiaire, elle prépare au long sommeil hivernal. C’est une magnifique saison au niveau des couleurs et de l’éclat particulier du paysage, et c’est celle qui, à notre avis, permet de se livrer à l’introspection nécessaire à laquelle doit se livrer chaque homme lorsqu’il sait sa fin proche. Chaque hiver est une petite mort et l’automne son agonie. Il faut profiter de ces moments de calme où tout semble aller plus lentement pour faire le point sur son existence.


K : Où puises tu ton inspiration pour l’écriture des textes ?

A : Nous voulons permettre à nos auditeurs de voyager avec nous dans des lieux féeriques. Lorsque j’écris des textes pour Artesia, j’essaye de traduire les émotions que nous procurent la nature, les paysages sauvages, la féerie. Tout ceci reste abstrait et concis car je veux que chacun puisse imaginer ce qu’il veut lorsqu’il écoute notre musique, et qu’il ne se sente pas prisonnier d’un thème ou d’un contexte. Les textes ne sont pas le plus importants dans Artesia, c’est l’émotion de la musique qui doit dominer. Je ne pense pas être spécialement inspiré par d’autres groupes ou auteurs pour les paroles mais je pense qu’elles sont facilement compréhensibles et cela nous rapproche de notre public.


K : Comment se déroule le processus de composition au sein d’Artesia ?


A : Pour la plupart des morceaux, nous fonctionnons en « différé », c'est-à-dire que nous n’avons pas réellement un travail de groupe : pas de répétitions, pas de concerts et presque pas de travail ensemble. Je commence par trouver la base des morceaux au synthé, puis je travaille dessus quelques mois afin d’y ajouter les autres instruments comme la guitare, les percussions et de poser mes lignes de chant. J’enregistre tout cela à titre d’essai et je l’envoie à Gaëlle sur cd. Elle peut alors commencer à réfléchir à ce qu’elle veut apporter au violon. Une fois qu’elle est au point, nous enregistrons le tout définitivement chez moi. Par contre, pour le morceau « Entrelacs », il a été composé par Gaëlle et ce n’est que par la suite que nous avons ajoutés guitare et percussions. Nous allons sûrement renouveler cette expérience car il est intéressant d’entendre des morceaux variés. Gaëlle et moi ne venons pas du même milieu musical et nos influences respectives donnent de bons résultats.


K : Que représente pour toi la forêt de Brocéliande ? Que dégage ce lieu pour toi ?


A : La forêt de Brocéliande est un lieu que j’affectionne tout particulièrement et que j’ai la chance de pouvoir contempler et parcourir dès qu’il m’en prend l’envie. D’une part, c’est une très belle forêt, vaste et d’aspect varié selon l’endroit où l’on se trouve : ici, une forêt de pins très claire, là une multitude de hêtres centenaires et majestueux, répandant une inquiétante fraîcheur. On y trouve un certain nombre de mégalithes (l’hostie de Viviane, le tombeau du géant,…). Culturellement, c’est un lieu passionnant pour ceux que l’histoire intéresse. Mais ce qui fait sa particularité, c’est son aura magique, féerique. On peut ressentir que des créatures, autres qu’humaines ou animales l’ont parcourues et y ont laissées une trace. Cela se ressent réellement et chaque recoin en parait plus mystérieux. Les mythes et légendes sont profondément enracinés dans cette région et nous voulons rendre hommage à la forêt par notre travail. C’est un lieu hors du temps et malgré les invasions de touristes, il ne se dénature pas trop. Les petits hameaux perdus restent authentiques, les constructions sont belles et simples et permettent à la légende de survivre plus longtemps.






K : Quels sont vos goûts en littérature, notamment concernant les légendes arthuriennes ?

A : Nous sommes passionnées par le monde médiéval et sa littérature, d’ailleurs Gaëlle, qui poursuit des études de littérature française, spécialisées en littérature médiévale, vient de terminer un mémoire sur un manuscrit du 14ème siècle composé de contes et légendes populaires (lais, fabliaux, dits miracle). Nous lisons principalement les romans de chevalerie tels que ceux de Chrétien de Troyes et nous avons une préférence pour Perlesvaux, le Roman de Merlin et la Quête du Graal.


K : Quels sont tes influences en matière de musique ?

A : Lorsque nous avons commencé, nous étions surtout influencées par des groupes comme Dark Sanctuary, Dargaard, Arcana dont les ambiances mélancoliques et oniriques parlaient à nos âmes. Aujourd’hui, nous essayons de développer notre propre style et de nous rapprocher plus de la bande originale de film. Nous voulons incorporer plus d’éléments celtiques dans nos morceaux et aller plus loin dans nos concepts. Nous sommes ouvertes à la musique médiévale et peut être intégrerons nous des instruments médiévaux dans de prochaines compositions.


K : Quels sont les projets d’Artesia ?

A : Pour l’instant, nous nous occupons de la promotion de notre nouvel album Chants d’Automne, qui a reçu un très bon accueil pour le moment. Nous allons bientôt commencer à travailler sur le prochain album, une fois que nous serons fixées sur le prochain thème à explorer. Nous voulons également continuer d’associer le plus possible l’image au son en travaillant le plus possible sur notre visuel. Je vous rappelle que vous pouvez écouter des extraits de notre nouvel album sur notre myspace (www.myspace.com/artesia1983).


Propos recueillis par Guillaume L’henaff

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Coucou, je profites de ton blog pour te passer un ptit bonjour à toi et ta chérie.
Gros bisous, Cav