Le label Harmonia mundi continue sa tache titanesque mais ô combien salutaire de rééditer la discographie de Alan Stivell, le père fondateur de la musique celtique moderne, dans des versions remastérisées. Ce travail avait été commencé en 2005 avec la sortie de 4 albums : In Dublin, Symphonie celtique, Again et Brian Boru. Aujourd’hui, c’est six nouveaux albums qui viennent enrichir cette collection : Terre des vivants, Legend, The mist of Avalon, 1 Douar, Back to Breizh et Au-delà des mots. L’occasion de se replonger dans l’incroyable diversité de la musique de Alan Stivell avec des albums qui bénéficient d’un son de grande qualité et de pochettes revues et clarifiées. Ce qui frappe avant tout lorsqu’on considère l’intégralité de la musique de Stivell, c’est ses allers retours incessants entre diverses musicalités, la musique celtique n’étant que le trait d’union d’un univers musical bien plus vaste où les frontières ne sont pas celles qu’ont imposées les Hommes. En premier lieu, nous nous intéresserons à trois de ces six albums, à savoir Legend, The mist of Avalon et Au-delà des mots. J’ai choisi ces albums pour leurs références plus ou marquées à l’imaginaire. En effet, Legend (1983) propose de s’évader dans la mythologie celtique et bretonne à travers de nombreux titres oniriques. The mist of Avalon (1991) s’attaque à la légende arthurienne, mythe celtique par excellence qui rayonna à travers l’Europe et continue d’enflammer l’imagination de nombreux auteurs modernes voire de scénaristes télé (cf. Kaamelott). Alan Stivell se devait de consacrer un album entier à tout ce cycle d’aventures. Enfin, Au-delà des mots (2002) marque le retour de Stivell vers une musique instrumentale plus intimiste, essentiellement joué à la harpe celtique, instrument onirique par excellence, cet instrument qu’il affectionne tant. Le plus cohérent étant de respecter l’ordre chronologique pour ces chroniques, nous allons commencer par l’album Legend.
Cet album a été pensé par Stivell comme une descente dans la mythologie celtique à travers des thèmes oubliés mais universels. Peut être cette pierre du Cairn de Gavrinis que l’on voit dériver dans l’espace sur la pochette joue t-il le même rôle que le mégalithe noir de « 2001, l’odyssée de l’espace ». Source d’inquiétude et d’interrogation, il joue un rôle essentiel dans l’avenir du monde, tout comme la culture celtique à travers sa dimension fédératrice. Legend contient 15 morceaux mais est divisé en 3 parties. La première partie correspond à la musique composée par Alan Stivell pour le film de Monique Enckell, « Si j’avais 1000 ans ». Une musique évanescente et mystique pour soutenir l’intensité des images. La partie 2 n’est composé que de 2 titres mais le morceau « Imran Brain » présente la particularité d’être chanté en gaélique du haut Moyen Age. Un morceau qui témoigne de la volonté de Stivell de se rapprocher le plus possible des fondements de la culture celtique. La partie 3 est tout aussi ambitieuse puisqu’elle se propose de raconter en 7 morceaux l’arrivée des Tuatha Dé Danann, le peuple mythique d’Irlande. Le premier morceau « Les peuples dieux de Dana », sonne très asiatique notamment grâce à l’utilisation d’un orgue à bouche indonésien, preuve que Stivell s’ouvre à toutes les cultures pour raconter cet épisode de mythologie celtique. Les instrumentaux suivants, limpides et oniriques, dépassent les mots pour conter cette histoire, les accords de harpe se suffisant pour emmener l’auditeur sur les terres de l’Irlande mythologique.
Avec The mist of Avalon, Alan Stivell s’attaque à un monument de la culture celtique, la légende arthurienne. Fruit d’un travail commencé au milieu des années 1980, l’album sort en 1991. Ce qui frappe à son écoute, c’est sa tonalité pop celtique universel avec ses chansons chantées souvent en anglais et ses mélodies accrocheuses. On remarquera aussi que le titre de l’album fait référence au roman de Marion Zimmer Bradley, The mists of Avalon, paru en 1983 et qui proposait la relecture du mythe arthurien à travers les personnages féminins de la légende. Stivell nous convie donc dans son épopée arthurienne à revivre à travers la musique, les émotions et les aventures de nos héros. Pour ce faire, le compositeur breton utilise de nombreux instrumentaux, laissant ainsi la musique pénétrer l’auditeur et laissant faire son imaginaire pour faire vivre cette histoire sans parole (« Morgan », « La blessure d’Arthur »). Parmi les chansons, on appréciera les titres « La dame du lac » et « Guenièvre », deux très bons morceaux chantés en anglais et en breton avec une voix féminine sublime qui vient parachever ces deux petits bijoux de pop celtique. Pour son inspiration, les sources de Stivell sont diverses et parfois surprenantes puisque le morceau « Strink ar Graal » provient d’une inspiration de Francis Lalanne. Pour le reste, on trouvera notamment des emprunts au célèbre barde Taliesin, au Mabinogion et à l’incontournable Barzaz Breiz.
Malgré la réussite de The mist of Avalon, on regrettera que Alan Stivell n’ait pas plus puisé dans les racines celtiques pour conter cette aventure immémoriale malgré l’effort effectué avec le titre « Le chant de Taliesin » puisque ce morceau est chanté dans la langue parlée au temps du roi d’Arthur.
Avec The mist of Avalon, Alan Stivell s’attaque à un monument de la culture celtique, la légende arthurienne. Fruit d’un travail commencé au milieu des années 1980, l’album sort en 1991. Ce qui frappe à son écoute, c’est sa tonalité pop celtique universel avec ses chansons chantées souvent en anglais et ses mélodies accrocheuses. On remarquera aussi que le titre de l’album fait référence au roman de Marion Zimmer Bradley, The mists of Avalon, paru en 1983 et qui proposait la relecture du mythe arthurien à travers les personnages féminins de la légende. Stivell nous convie donc dans son épopée arthurienne à revivre à travers la musique, les émotions et les aventures de nos héros. Pour ce faire, le compositeur breton utilise de nombreux instrumentaux, laissant ainsi la musique pénétrer l’auditeur et laissant faire son imaginaire pour faire vivre cette histoire sans parole (« Morgan », « La blessure d’Arthur »). Parmi les chansons, on appréciera les titres « La dame du lac » et « Guenièvre », deux très bons morceaux chantés en anglais et en breton avec une voix féminine sublime qui vient parachever ces deux petits bijoux de pop celtique. Pour son inspiration, les sources de Stivell sont diverses et parfois surprenantes puisque le morceau « Strink ar Graal » provient d’une inspiration de Francis Lalanne. Pour le reste, on trouvera notamment des emprunts au célèbre barde Taliesin, au Mabinogion et à l’incontournable Barzaz Breiz.
Malgré la réussite de The mist of Avalon, on regrettera que Alan Stivell n’ait pas plus puisé dans les racines celtiques pour conter cette aventure immémoriale malgré l’effort effectué avec le titre « Le chant de Taliesin » puisque ce morceau est chanté dans la langue parlée au temps du roi d’Arthur.
En 2002, Alan Stivell célèbre le cinquantenaire de la harpe celtique un peu en avance (il a eu lieu « officiellement » en 2004) avec la sortie de cet album entièrement instrumental intitulé Au-delà des mots. Alors qu’on aurait pu penser voir Stivell s’embarquer vers une musique celtique expérimentale pour ce nouveau millénaire, l’artiste breton préfère revenir aux sources et livrer 30 après Renaissance de la harpe celtique, un album dédié à son amour de toujours : la harpe celtique. Il faudra finalement attendre Explore en 2006 pour voir revenir Stivell à des expérimentations électroniques. Au-delà des mots s’affirme donc comme un album intimiste où le titre traduit très bien la vision ineffable de la musique de Stivell. Cette dernière étant assez « pure » pour transmettre les émotions qu’elle veut véhiculer. Cette transgression des frontières entre la musique et les paroles prend aussi son sens géographiquement. La pochette, tout d’abord, nous montre un océan onirique s’étendant à perte de vue. Puis, les morceaux contribuent à affirmer ce caractère à travers des morceaux comme « La Celtie et l’infini » (en 3 parties) et le néo-triskell de Stivell « La harpe, l’eau et le vent » (en 2 parties) où la harpe, l’eau et le vent viennent remplacer la terre, l’eau et le feu. Signalons aussi le morceau « Bleimor : le bagad » assez déconcertant dans sa conception mais qui s’avère une réussite. Enfin, mentionnons « Harpe atlantique », le morceau explosif de l’album qui démontre une véritable dextérité et une formidable vitesse d’exécution de la part de Stivell. Un morceau qui sera d’ailleurs repris par Rhapsody comme interlude sous le titre « Elnor’s magic valley » sur l’album Rain of a thousand flames.
Certes, Au-delà des mots est un album plus difficile d’accès que la majeure partie des titres de sa discographie mais la pureté des accords de Alan Stivell mérite que l’on prête une oreille très attentionnée à cet album. Une vison de la musique et de la culture celtique parfaitement résumée par ces quelques mots issus du livret : « La harpe, l’eau, le vent, au-delà des mots, résonance infinie vers l’harmonie ».
Certes, Au-delà des mots est un album plus difficile d’accès que la majeure partie des titres de sa discographie mais la pureté des accords de Alan Stivell mérite que l’on prête une oreille très attentionnée à cet album. Une vison de la musique et de la culture celtique parfaitement résumée par ces quelques mots issus du livret : « La harpe, l’eau, le vent, au-delà des mots, résonance infinie vers l’harmonie ».
S'il existe des gens qui ne connaissent pas Alan Stivell (mais j'espère que cela n'existe pas), voici le myspace :
2 commentaires:
Félicitations pour cet article bien écrit et très détaillé.
je suis fan de Stivell depuis les années '70.
Ces trois disques ne sont cependant pas mes préférés.
Dans "Légende" j'admire le travail de recherche au niveau des éléments mythologiques. J'aime beaucoup certains titres comme "Azenor", "Au de-là des neuf vagues","Dans le Tertre"...mais une série d'autres morceaux me paraissent peu structurés et plus proches de musiques improvisées (c'est peut-être pour illustrer l'ambiance de l'époque mais...).
Je suis assez partagé pour "The Mist of Avalon" car il y a vraiment des morceaux de grande qualité comme "La dame du Lac","Horses on the hills", "Guenièvre" ou "le val sans retour"... Mais à côté de cela, il y a des titres qui ne sont vraiment pas très embalants.
"Au delà des mots" comme vous dites est d'un abord plus difficile.
La qualité de l'enregistrement est
excellente et le son des nouvelles harpes est fabuleux.
Mais ici aussi beaucoup de morceaux sans véritable mélodie qui me font aussi penser à de la musique improvisée.
Quand on compare ce cd avec "Renaissance de la la harpe celtique" ou même "Harpes du nouvel âge" il n'y a pas photo (même si la qualité du son est moindre sur ces disques).
Cela n'est bien-sûr qu'un avis personnel.
Encore bravo pour vos chroniques !
jean-françois
Musique-celtique.org
Bonjour Jean François, Merci pour ton commentaire constructif et très intéressant. Je suis allé faire un tour sur ton site musique-celtique.org et le travail est admirable.Félicitations.
Bonne continuation.
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