mardi 27 mars 2007

Francesco Banchini "Baqshish" (Felmay)

Actualité chargée pour Francesco Banchini puisqu’en plus de cet album, Baqshish, notre italien a participé au projet Khvarena en collaboration avec les français de Rajna. Francesco nous est surtout connu pour son formidable travail sur le label Prikosnovenie à travers sa collaboration aux projets Love Sessions 1 & 2 et ses albums avec GOR. D’ailleurs, on retrouve sur Baqshish de nombreuses ressemblances avec les albums de GOR notamment Croisades qui est comme Baqshish une descente le long du bassin méditerranéen. Cet album présente donc en 10 titres toute la richesse et la diversité des musiques du bassin méditerranéen. Les influences sont multiples, partant de la musique traditionnelle italienne et surtout napolitaine « Montemarano », nous nous promenons ensuite dans les Balkans, puis continuons notre périple aux confins de l’Orient sur les terres où jadis régnaient les Perses. Entre temps, on aura reconnu au gré des morceaux, de nombreuses influences Yiddish ou du Moyen Orient voire parfois médiévale « Alte clamat epicurus ». La majorité des titres sont très rythmées et entraînants, nous laissant envoûter par une méditerranée métissée presque fantasmée, un univers riche où la musique relie les peuples. Magnifique passerelle entre l’Occident et l’Orient, cet album nous offre, à travers la musique, un magnifique réquisitoire pour la paix et le mélange des cultures.

Omne Datum Optimum "Opus Mago Cabalisticum" (Cynfeirdd)

Troisième et dernier volet pour le projet médiéval Omne Datum Optimum. Signalons tout de suite le magnifique packaging puisqu’il s’agit d’une pochette format 45 tours qui s’ouvre sur plusieurs volets pour dévoiler de sublimes lithographies et d’obscurs textes sur le grand œuvre. Ce court EP de 4 titres intitulé Opus Mago Cabalisticum nous offre une musique médiévale manichéenne où les chœurs liturgiques martiales alternent avec les moments de silence religieux comme sur la plage 3 où la musique s’arrête au bout de 5 minutes 20 pour nous offrir 4 minutes 25 de silence. Le procédé se répétera sur la plage 4. On notera aussi la présence d’une trompette sorti du temps sur le premier morceau « Vers funèbres », créant ainsi un décalage assez envoûtant.

lundi 19 mars 2007

Collection d'Arnell Andrea "Exposition" (Prikosnovénie)

Pour son nouvel album, Collection d’Arnell Andrea, le groupe inventeur de ce son unique que l’on nomme cold rock a eu l’excellente idée d’écrire chaque titre en fonction d’un tableau. Exposition est donc le nom de cet album qui propose à l’auditeur une ballade à travers 11 titres et autant de tableaux du 19ème et 20ème siècle. Les tableaux n’étant pas reproduits dans le livret vous pouvez les admirer sur le site du label Prikosnovénie sur la page du groupe. Rien d’étonnant à ce qu’une certaine noirceur et une ambiance froide et oppressante se dégage de la plupart des tableaux, ambiance fidèle à l’esprit du groupe qui continue ses compositions coldwave à base de guitares saturées et lourdes mêlées aux orchestrations de cordes. Cette idée de donner vie aux tableaux, d’extrapoler cette image figée au cours du temps par l’artiste afin de raconter une histoire, de mettre des mots sur cette image évocatrice s’avère une excellente idée, rarement musique et l’imaginaire des images n’auront été autant en osmose. La voix de Chloé toujours aussi magnifique apparaît comme vacillante dans un monde ténébreux, un monde où la mélancolie règne en maître absolue sur cette terre où l’homme a rompu son partenariat primitif avec la nature, thème chère à Collection d’Arnell Andrea. Les textes, en anglais ou en français, souligne la face sombre de l’être humain et fixe l’irréparable fuite du temps, des chœurs d’hommes sortant d’outre tombe venant apporter leur soutien aux rythmiques répétitives qui s’insinuent dans notre cerveau pour nous faire basculer dans un monde où l’Homme devient peu à peu trompé par ses apparences sensibles. On retiendra particuliérement le titre « The long shadow » morceau très abouti inspiré d’une lithographie du même nom de Johann Wilhelm Tischbein où un homme voit son ombre prête à se refermer sur lui, magnifique parabole sur la relation de l’homme à lui-même. Autres morceaux d’exceptions, le titre « I can’t see your face », véritable déchaînement musical crépusculaire inspiré d’un tableau tout aussi magnifique d’Edward Hughes intitulé « Twilight fantasy » et le morceau « Into flowers » où la superposition fantomatique des voix épaissit le mystère qu’entretient la rythmique oppressante. Collection d’Arnell Andrea a parfaitement maîtrisé son projet musical et continue de bâtir une œuvre magistrale.

Faun "Totem" (Curzweyhl)

Faun, le groupe emblématique du renouveau de la scène folk médiéval depuis la sortie de son chef d’œuvre Licht paru en 2003 nous livre, après Renaissance en 2005, un nouvel album qui s’intitule Totem. Pas de mauvaise surprise, Faun est toujours un groupe d’exception, ce nouvel album étant à nouveau une merveille. On retrouve tous les ingrédients qui font la spécificité de Faun. On appréciera un instrumental de toute beauté « KaRuna » ainsi que des chansons à l’esprit médiéval très réussi où les voix enchanteresses de Fiona et Lisa nous plongent vers un passé glorieux (« Tinta », « Unicorne »). Notons aussi que l’harpiste du groupe Omnia (l’autre groupe référence de la scène folk pagan) apparaît sur le titre « Unicorne », morceau sublime reprenant un texte de Thibaut de Champagne. Les références de Faun remontent même plus loin le temps car « Gaia »est un poème d’Homère rendant hommage à Gaia, la divinité grecque personnifiant la terre mère et nourricière universelle. D’autres titres sont plus épurées dans un style plus folk comme le mélancolique « November » et certains sont plus expérimentaux comme le martial « 2 Falken » et son rythme envoûtant. Précisons aussi que le packaging de l’album dans son édition limitée est sublime et qu’il est accompagné d’un luxueux livret. Totem est un nouveau chef d’œuvre dans la discographie de Faun qui confirme son talent album après album.

lundi 12 mars 2007

Nuit de la Saint Patrick 2007 (Keltia musique)

C’est désormais une habitude, chaque année, les Irlandais, les Celtes et tous les amateurs de musiques celtiques, de bières ou de whiskys célèbrent la Saint Patrick. Rappelons que ce dernier est à la fois l’évangélisateur des Irlandais et le fondateur du christianisme Irlandais. On peut donc trouver paradoxale que les Celtes célèbrent celui qui leur fit perdre une part de leur culture car l’évangélisation de l’Irlande s’accompagna de la fin de l’ère des druides celtiques. Historiquement la Saint Patrick est une fête religieuse qui se fête le 17 mars mais son caractère a toutefois évoluée au cours du temps, elle fut une fête nationaliste contre l’occupant anglais (ceux qui ne connaissent pas cette épisode tragique de l’histoire Irlandaise doivent visionner au plus vite le magnifique film de Ken Loach «Le vent se lève »), puis une fête nationale d’une Irlande indépendante, fière et libre. De nos jours, elle conserve ce sens pour bon nombre d’Irlandais. A l’initiative du festival interceltique de Lorient soucieux de promouvoir son festival aux Parisiens, a été mis en place chaque année la nuit de la Saint Patrick de Paris, événement incontournable pour de nombreux bretons émigrés et pour les amateurs de musiques celtiques. C’est donc le Cd officiel de l’année 2007 que nous allons présenter et non l’album live de la soirée puisqu’elle aura lieu cette année le samedi 24 mars à Bercy (le 17 mars tombant cette année un samedi, cette date n’aurait elle pas été préférable ?).
L’album s’ouvre curieusement sur un morceau de Didgeridoo de Mark Atkins, peut être un clin d’œil à la présence de l’Australie l’année dernière au festival interceltique de Lorient. Le reste de l’album ne présente guère de surprises puisque l’on retrouve de nombreux bagadoù dont l’incontournable Bagad de Lann Bihoué. Dans le même registre, l’inévitable galicien Carlos Nuñez est présent avec son « Mar adentro », magnifique morceau composé pour le film du même nom de A. Amenabar et conclut l’album avec un grand classique « Aires de Pontevedra ». Notons aussi la présence de la chanteuse bretonnante Nolwenn Korbell avec 2 titres et la présence de Pascal Lamour avec son mélange unique d’electro Breizh. L’ouverture sur le reste des cultures celtiques est assurée par la musique Irlandaise de Téada et grâce à la violoniste acadienne Dominique Dupuis qui nous rappelle les influences celtiques existant en Acadie.
Cet album est donc une bonne compilation pour ceux qui veulent découvrir l’étendue de la musique celtique à travers ses meilleurs artisans mais les amateurs éclairés passeront leur chemin car l’essentiel de ces morceaux leurs sont déjà connues.

dimanche 11 mars 2007

Cécile Corbel "Harpe celtique et chants du monde" (Keltia musique)

Après le très réussi Songbook.1 , revenons sur le premier 6 titres de la jeune harpiste Bretonne intitulé simplement Harpe celtique et chants du monde . Ce premier essai nous montre le talent de Cécile à la harpe celtique et sa faculté à insuffler une touche celtique à des chants d’horizons divers comme c’est le cas avec le titre « Shir al etz », magnifique chanson intimiste israélienne. La magnifique voix de la Bretonne se prête à merveille à cette langue sémite qu’est l’Hébreu et la harpe celtique soutient cette voix cristalline dans une osmose absolue. La voix de Cécile Corbel doit d’ailleurs se prêter à toute les langues car la balade galicienne « Hija mia » est très apaisante et nous emmène sur les terres de ces Celtes bien souvent oubliés. Notre harpiste n’oublie pas pour autant son pays et nous interprète deux airs traditionnels bretons. Le premier est l’incontournable « An hini a garan », classique des classiques, cet air traditionnel vannetais nous narre l’amour déçue (comme souvent dans les chants traditionnels) d’une jeune fille qui a vu son amour partir vers des contrées lointaines pour gagner sa vie. Cécile Corbel démontre qu’on peut s’approprier un air traditionnel pour l’intégrer à son univers sans le dénaturer tout comme l’avait fait Carlos Nuñez avec cette même chanson. L’autre air traditionnel est «Bran », moins connu mais tout aussi magnifique grâce à la présence d’une flûte enivrante qui nous rappelle la magie féerique de la musique celtique. Cécile Corbel nous emmène aussi en Louisiane sur la trace des Cajuns francophones, à travers l’interprétation d’un morceau traditionnel sur les mauvais garçons de Crowley. Pour clôturer ce 6 titres, Cécile Corbel nous offre un instrumental de toute beauté intitulée « Valse des ondines » et qui démontre la capacité onirique de son jeu de harpe. Ce morceau clôture également son album Songbook.1 dans une version 2006 qui finalement ne présente guère de différences. Au final, Harpe celtique et chants du monde est différent de Songbook.1 qui présente une teneur plus moderne en comparaison du caractère chants du monde de Harpe celtique et chants du monde mais l’amateur de Cécile Corbel retrouvera dans les 2 œuvres ce qui fait l’essentiel de son style : sa voix de fée et son jeu de harpe onirique et envoûtant.

mardi 6 mars 2007

Festival Trolls et Légendes (2ème édition)

Le Festival de toutes les Fantasy revient avec une 2ème édition qui se tiendra le 7 et 8 avril à Mons en Belgique. Il s'agit du festival le plus important concernant la culture fantastique/féerique. Une large place est donc consacrée à la littérature, aux bandes dessinées, au cinéma fantastique mais ce qui nous intéresse principalement ce sont les deux concerts de musique féerique où l'on pourra assister à des prestations scéniques des meilleurs groupes de la scène féerique.
Ainsi le samedi soir, le groupe référence de la musique néo médiévale Corvus Corax nous montrera l'étendue de son talent et sa manière si particulière de se réapproprier le patrimoine musicale médiévale. Ce même soir, l'humour sera représenté Naheulbeuk, surtout connu pour sa saga sonore diffusée en mp3, le groupe se produit aussi sur scène pour nous offrir un show très réussi mélange de pastiche de morceaux médiévaux et de musiques traditionnelles.
The moon and the nightspirit, groupe qui s'inspire des fables et des musiques ancestrales de Hongrie ainsi que Les légendes du temps, groupe qui mélange l'esprit rock à l'esprit celtique et médiévale complétent le tableau pour le samedi soir.
Le dimanche, l'affiche est tout aussi alléchante avec l'extraordianire formation belge Urban Trad, ce groupe bien ancré dans le 21ème siècle qui puise son inspiration dans les musiques traditionnelles s'est fait remarqué lors de son passage à l'eurovision en 2003 où le groupe avait interprété le titre "Sanomi" chanté dans une langue imaginaire afin de ne pas faire un choix entre les Wallons et les Flamands. Urban Trad avait fini deuxième du concours cette année là.
Autre grosse pointure, le groupe Omnia, peut être le groupe le plus innovant sur la scéne féerique puisque Omnia cherche à recréer les sonorités celtiques et romanes de l'age de fer. Un défi que le groupe relève avec succès puisque son répertoire est d'une incroyable réussite.
Faun peut aussi se vanter d'avoir bousculer la musique féerique avec son chef d'oeuvre "Licht" (paru en 2003) qui nous proposait une musique néo médiévale de grande qualité. Leur nouvel album est sorti début mars et sera bientôt chroniqué sur ce blog. Enfin le groupe SoySoy proposera sa world music aux multiples influences.
Deux belles soirées en perspective pour tous les amoureux de musique féerique...