
Après la formidable trilogie
Elvenmusic dédié à la terre du milieu qui s’achevait de façon remarquable par un troisième opus chanté dans une langue elfique inventé pour l’occasion, l’extraordinaire groupe russe
Caprice revient enchanter nos oreilles. Ce nouvel album porte le nom amusant de
Kywitt ! Kywitt !, un nom qui semble sorti de la bouche d’un korrigan perfide ou d’un lutin malicieux. Ce titre provient d’un poème des frères
Grimm et permet à
Caprice d’expérimenter avec succès le chant en allemand. Ce titre est d’ailleurs révélateur du virage musical qu’a pris le groupe. Habituée à une orchestration néo classique très onirique, la formation intègre cette fois guitares électriques, batterie et autres samples électroniques dans sa musique. Le résultat est à la fois déroutant et saisissant. Alors que l’orchestration subtile des albums précédents rendait l’univers des russes très apaisant, le déchaînement musical de
Kywitt ! Kywitt ! se fait plus virevoltant avec ses entrelacs musicaux et ses accès de violences (« Kywitt ! Kywitt ! »). L’utilisation de la batterie donne même à certains morceaux un côté très pop voir naïf dans le bons sens du terme (« Peggy O »).
Depuis ses adaptations de poèmes de
William Blake et
J.R.R Tolkien,
Caprice a montré ses talents pour mettre une musique sur la magie des mots. Cet album confirme ce talent et propose notamment des textes de
William Shakespeare, de
Robert Burns, de
Maximilian Voloshin et de
Felicia Hemans pour un morceau bonus d’une extrême jovialité qui répond à l’étonnant titre de « Fae fae fae fae fae fae fae ».
Caprice, c’est d’abord l’œuvre d’un compositeur de génie
Anton Brejestovski qui livre une fois de plus une œuvre décomplexée et innovante. Mais
Caprice, c’est aussi la sublime voix de
Inna Brejestovskaya qui éblouit par sa pureté. Sa voix féerique participe pour beaucoup à l’ambiance musicale du groupe moscovite. Son chant peut être sobre et presque funéraire (« Adew sweet amarillis ») puis enjouée (« Mary Morison ») provoquant des émotions variées chez l’auditeur. Dans cet album rempli d’expérimentations,
Caprice joue un instrumental oppressant aux influences orientales (« More ») et s’amuse à insérer dans ses chansons des voix du petit peuple (« Dundellion wine ») recréant ainsi avec beaucoup de perfectionnisme le jardin enchanté de l’Etre humain.
Un album hallucinogène, à l’image des champignons malins et heureux qui ornent la pochette, qui troublera l’auditeur par son audace et par la magie de son univers. Un album frais et décomplexé qui sent bon l’arrivée du printemps et les ballades en forêt à la recherche du petit peuple.
Kywitt ! Kywitt ! est tout cela à la fois, Le chemin parcouru depuis
Mirror est saisissant, l’œuvre de
Caprice n’a cessé d’évoluer et de mûrir, progressant sans cesse en nous étonnant à chaque œuvre. Un univers unique et complètement fou qui mériterait une plus grande reconnaissance car il ne s’agit pas d’un groupe comme les autres,
Caprice joue, incarne et représente la musique féerique.