dimanche 9 mars 2008

ChaoStar "Underworld" (Holy records)

Underworld est le quatrième album des grecs de ChaoStar. Un album sortit comme les trois précédents sur le label français Holy records. ChaoStar est un side project du groupe de métal Septic Flesh qui après avoir sorti en septembre 1998 un single d’inédits orienté vers les musiques classiques décida de créer le groupe ChaoStar afin de laisser libre cours à son imagination débordante. Le résultat est saisissant et démontre l’incroyable capacité qu’ont certains métalleux à sortir des clivages et des frontières musicales pour nous livrer des musiques incroyablement riches et travaillées. En effet, la musique proposée par les grecs est d’inspiration classique mais est recouverte d’un voile ténébreux. L’orchestration se veut volontairement grandiloquente et sombre créant une atmosphère souvent lourde, magnifiquement contrebalancée par les sublimes voix féminines chargées d’émotions.
Underworld propose logiquement la trilogie « Underworld » pour la première fois compilée, complétée par 3 titres rares et 4 nouveaux morceaux. La trilogie « Underworld » est une excellente introduction à l’univers musical de ChaoStar. L’architecture musicale laissant une place de choix à la démence et à la folie, on imagine parfaitement la musique des grecs soutenir l’ambiance oppressante d’un jeu vidéo ou d’un film.
Les sept morceaux suivants laisseront entrevoir différentes facettes du groupe. « Tartarus » respire la musique épique avec ses moments de bravoure et ses envolés musicales. « Elegy » et son piano fantomatique où un chant funéraire vient parachever cette descente aux enfers. « As hope » propose un manichéisme subtil avec ses psaumes en latin entrecoupés par de brefs moments de musique extrême. Preuve de la fusion des genres et des influences classiques de cet album, le morceau « Adagio » qui est une reprise d’une musique du compositeur italien Tomaso Albinoni sur laquelle vient se greffer un texte de Charles Baudelaire extrait du « cultissime » recueil Les fleurs du mal. Enfin, « The trip is not so long » propose un final enjoué aux accents folks très prononcés.
Underworld est une œuvre orchestrale et théâtrale véritablement envoûtante, un album qui se révèle d’une incroyable richesse et complexité, laissant entrevoir de nombreuses écoutes avant de percer tous les mystères de cette œuvre ésotérique.
http://www.myspace.com/chaostarofficial

mardi 4 mars 2008

Trobar de Morte "Legends of Blood and Light" (In the morning side records/Prikosnovénie)

La sortie d’un nouvel album de Trobar de Morte est un véritable évènement pour les amateurs d’imaginaire tant le groupe espagnol est imprégné par cette culture fantastique et multiplie les références à la mythologie, au moyen âge et au merveilleux en général. Ce nouvel opus intitulé Legends of Blood and Light propose, comme son nom l’indique, une partie obscure où règne les ténèbres et une partie où la lumière prédomine. Un manichéisme original même si dans les faits cette dualité s’exprime principalement à travers les paroles puisque la musique ne retranscrit pas vraiment cette opposition.
Les illustrations de l’album sont sublimes, le verso de la pochette proposant même un vaste champ de combat où l’on notera l’étonnante présence d’ours polaires. Un très grand soin a aussi été apporté au livret puisque qu’il regorge de nombreuses illustrations qui accompagnent fidèlement l’ambiance des textes.
Concernant l’album, la première victoire est pour le camp des ténèbres puisque la partie « Of Blood… » comporte 7 morceaux contre 6 pour la partie « Of Light… ». Musicalement, on notera la prédominance des claviers qui créent une atmosphère brumeuse seulement bouleversée par les percussions martiales qui semble battre le départ en guerre. Trobar de Morte repose essentiellement sur le talent de Lady Morte puisque la multi instrumentiste compose toutes les musiques et écrit toutes les paroles. Sa voix particulière pourra déconcerter certains auditeurs mais on s’y habitue très vite au point de parfois la confondre à celle de Lisa Gerrard (« Talisman »). Le groupe espagnol se fend lui aussi d’un un très bel hommage à la déesse celtique de la guerre sur le titre « Morrigan » mais ne parvient pas à faire oublier le titre éponyme de Omnia sur le même thème. Alternant entre chant en anglais et en espagnol, les textes nous invitent sur des terres mythologiques, dans le souffle magique des batailles épiques et des épopées guerrières. Certains, d’une noirceur abyssale n’auraient pas déplu à Lovecraft (« Inside the infinite abyss »).
La partie « Of Light… » rend hommage aux créatures merveilleuses que sont l’hippocampe (« Seahorse ») et la licorne (« The last Unicorn »). Elle renferme surtout le meilleur titre de l’album « Sorceress », un morceau splendide grâce à ses sonorités médiévales. La présence des Whistles favorisant cette atmosphère onirique moyenâgeuse. Peut être que Trobar de Morte gagnerait à insuffler cette énergie sur plus de morceaux.
Au final, Legends of Blood and Light est un album qui représente parfaitement la scène féerique espagnole. Un album qui possède quelques imperfections mais demeure sublime et emplit d’une grande sincérité. La passion de Lady Morte pour son art se ressentant dans chaque note et dans chaque mot.
Myspace : http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=90211002

Jack or Jive "Kakugo" (Prikosnovénie)

Le nouvel album de Jack or Jive s’intitule Kakugo en référence à un concept du Bushido japonais, autrement dit le code des principes moraux des samouraïs. Le Kakugo dit que « la voie du samouraï se trouve dans la mort ». Pourtant, cet album n’est pas un énième discours nihiliste sur le non sens de la vie. Il faut plus voir dans cet album une réflexion sur la mort et sur son impact dans la société japonaise moderne, une société qui, malgré ses valeurs passées, se perd dans les dérives du monde d’aujourd’hui.
Malgré la prolifique discographie du duo japonais, 4 années se sont écoulées entre leur précédent album Absurdity et ce Kakugo. Le début de l’album nous plonge dans l’esprit de l’album Prayer (1990) avec une introduction en forme de chaos contenu puis avec le titre « War scapes » où Chako fait l’étalage de sa sublime voix ténébreuse. Musicalement, la recette ne change pas, Makoto Hattori se charge de discrètes percussions et surtout des claviers. Les mélodies sont souvent aériennes et brumeuses, ce qui provoque l’étrange sensation que la musique et la voix de Chako sont entremêlées dans un vacarme sonore venu de l’au-delà (« Bodhisattva »). Plusieurs expérimentations vocales et sonores viennent agrémenter cet opus comme en atteste les cris de Chako sur « Shot arrow » ou les sons de cloche sur « At the national border ». L’ensemble demeure planant et diffuse la fameuse « zen attitude » japonaise.
Kakugo satisfera l’amateur de Jack or Jive même si certains trouveront que le duo peine à se renouveler et que sa musique sonne comme déjà entendu. Pour les autres, Jack or Jive reste un groupe mythique à découvrir impérativement.

vendredi 15 février 2008

Caprice "Kywitt ! Kywitt !" (Prikosnovénie)

Après la formidable trilogie Elvenmusic dédié à la terre du milieu qui s’achevait de façon remarquable par un troisième opus chanté dans une langue elfique inventé pour l’occasion, l’extraordinaire groupe russe Caprice revient enchanter nos oreilles. Ce nouvel album porte le nom amusant de Kywitt ! Kywitt !, un nom qui semble sorti de la bouche d’un korrigan perfide ou d’un lutin malicieux. Ce titre provient d’un poème des frères Grimm et permet à Caprice d’expérimenter avec succès le chant en allemand. Ce titre est d’ailleurs révélateur du virage musical qu’a pris le groupe. Habituée à une orchestration néo classique très onirique, la formation intègre cette fois guitares électriques, batterie et autres samples électroniques dans sa musique. Le résultat est à la fois déroutant et saisissant. Alors que l’orchestration subtile des albums précédents rendait l’univers des russes très apaisant, le déchaînement musical de Kywitt ! Kywitt ! se fait plus virevoltant avec ses entrelacs musicaux et ses accès de violences (« Kywitt ! Kywitt ! »). L’utilisation de la batterie donne même à certains morceaux un côté très pop voir naïf dans le bons sens du terme (« Peggy O »).
Depuis ses adaptations de poèmes de William Blake et J.R.R Tolkien, Caprice a montré ses talents pour mettre une musique sur la magie des mots. Cet album confirme ce talent et propose notamment des textes de William Shakespeare, de Robert Burns, de Maximilian Voloshin et de Felicia Hemans pour un morceau bonus d’une extrême jovialité qui répond à l’étonnant titre de « Fae fae fae fae fae fae fae ».
Caprice, c’est d’abord l’œuvre d’un compositeur de génie Anton Brejestovski qui livre une fois de plus une œuvre décomplexée et innovante. Mais Caprice, c’est aussi la sublime voix de Inna Brejestovskaya qui éblouit par sa pureté. Sa voix féerique participe pour beaucoup à l’ambiance musicale du groupe moscovite. Son chant peut être sobre et presque funéraire (« Adew sweet amarillis ») puis enjouée (« Mary Morison ») provoquant des émotions variées chez l’auditeur. Dans cet album rempli d’expérimentations, Caprice joue un instrumental oppressant aux influences orientales (« More ») et s’amuse à insérer dans ses chansons des voix du petit peuple (« Dundellion wine ») recréant ainsi avec beaucoup de perfectionnisme le jardin enchanté de l’Etre humain.
Un album hallucinogène, à l’image des champignons malins et heureux qui ornent la pochette, qui troublera l’auditeur par son audace et par la magie de son univers. Un album frais et décomplexé qui sent bon l’arrivée du printemps et les ballades en forêt à la recherche du petit peuple. Kywitt ! Kywitt ! est tout cela à la fois, Le chemin parcouru depuis Mirror est saisissant, l’œuvre de Caprice n’a cessé d’évoluer et de mûrir, progressant sans cesse en nous étonnant à chaque œuvre. Un univers unique et complètement fou qui mériterait une plus grande reconnaissance car il ne s’agit pas d’un groupe comme les autres, Caprice joue, incarne et représente la musique féerique.
Sortie le 22 février 2008 sur le site de Prikosnovénie http://www.prikosnovenie.com/
Site officiel de Caprice : http://caprice-music.com/

Qntal "VI - Translucida" (Drakkar entertainment)

Qntal est un groupe allemand réputé pour être l’initiateur du mouvement électro médiéval. Pourtant, n’imaginez pas une pale copie allemande de Era ou Enigma. Ici, les chants grégoriens laissent leur place à l’extraordinaire voix de Sigried Hausen. De plus, l’orchestration se fait plus subtile et l’instrumentation médiévale apparaît nettement. En fait, le groupe peut presque être considéré comme un side project du groupe médiéval Estampie puisque parmi les trois membres qui composent Qntal, Michael Popp et Sigried Hausen font aussi partie de la formation moyenâgeuse allemande. Ce sixième album s’intitule sobrement VI – Translucida. Les textes sont toujours puisés dans le répertoire traditionnel et sont majoritairement en latin. On remarquera tout de même la présence de deux titres en vieux français « La froidor » et surtout « Départir » chanté à la perfection par Sigried Hausen. La chanteuse de Qntal réalise encore une fois un travail admirable, sa voix est sublime, délicieusement perché et contribue pour beaucoup à l’ambiance du disque (« Sumer »). Les musiques sont souvent sobres et accompagnent subtilement la voix de Sigried. Mais Qntal sait aussi livrer de petites perles rythmiques comme en atteste « Glacies » et surtout « Ludus » qui s’avère très dansant et entêtant à souhait.
Qntal continue de livrer des albums de qualité dans un genre innovant qui aurait pu très vite sombrer dans l’oubli des années 90. Cette fusion entre la richesse des textes médiévaux et la modernité des sons électroniques parait naturelle, preuve de la parfaite alchimie réalisée par le trio allemand. Un groupe qui témoigne de l’extraordinaire vitalité de la scène néo-médiévale allemande puisque de Faun à Corvus Corax en passant par In extremo et Saltatio Mortis, nos voisins teutons peuvent se vanter de posséder les plus grands groupes de la scène actuelle.
Sortie le 29 février 2008
Site officiel : http://www.qntal.de/

dimanche 3 février 2008

Grand prix du disque du Télégramme

Et le verdict est tombé, c'est les frères Guichen avec leur album Dreams of Brittany (Coop Breizh) qui remportent le grand prix du disque du Télégramme, un prix qui récompense le meilleur album de l'année lié à la Bretagne. Ils parviennent donc à se distinguer parmi les 73 albums en compétition. Parmi ces albums, 24 étaient des premiers albums et c'est le groupe Badume's Band qui remporte le prix du meilleur premier album avec leur opus intitulé Addis Kan (Innacor). Une consécration pour ces musiciens du Centre Bretagne qui jouent de la musique Ethiopienne. Une bien belle façon de récompenser l'éclectisme à la bretonne. Malheureusement, je n'ai écouté aucun de ces deux albums mais j'aurais bien aimé que Ewen Delahaye Favennec remporte le grand prix du disque avec leur sublime album Tri Men (Coop Breizh). Enfin, dans la catégorie premier album j'aurais bien aimé une victoire des Ramoneurs de menhirs mais bon, je fais confiance au jury sur la qualité des albums récompensés.
Plus d'informations sur le blog du grand prix :
Et pour rappel, le palmarès des années précédentes :
2006 : Red Cardell "Naître"
2005 : Yann Tiersen "Les retrouvailles"
2004 : Miossec "1964"
2003 : Denez Prigent "Sarac'h"

vendredi 1 février 2008

Cécile Corbel "Sans faire un bruit"



Voici un très beau clip d'une artiste pleine de talent : Cécile Corbel. Ce titre est le premier extrait de la compilation La nuit des fées sorti sur le label Prikosnovénie. Une compilation magnifique sur laquelle on retrouve aussi des inédits de Mediavolo, Caprice, The moon and the nightspirit et bien d'autres.


Le site de Cécile Corbel : http://www.cecile-corbel.com/
Le site de Prikosnovénie : http://www.prikosnovenie.com/