mardi 12 juin 2007

Ez3kiel "Naphtaline" (Jarring effects/ Pias)

Le trio tourangeau Ez3kiel souvent classé abusivement dans la scène dub nous livre un surprenant projet multimédia intitulé Naphtaline. Attardons nous d’abord sur la forme car le coffret qui recouvre les précieuses galettes est doté d’une pochette magnifique, illustration complexe et énigmatique, véritable prélude à l’univers onirique et mystique qui nous attend. Les précieuses galettes ? Oui, car le coffret comprend un cd audio et un dvd hybride rom/vidéo. En effet, Ez3kiel qui a toujours accordé une grande place au visuel crée ici une osmose parfaite entre la musique et les images, le dvd-rom proposant des tableaux crées par le bassiste du groupe Yann Nguema sur lesquels la musique vient se greffer. Le cd audio correspond donc à la BO de cet univers singulier qui se veut tour à tour onirique, mystique, fantastique, inquiétant, complexe, mélancolique et poétique. Le spectateur se perdra dans chaque tableau sur lequel il agit directement grâce à sa souris, modifiant les éléments, la musique et le graphisme. Un projet d’une grande originalité donc qui propose de surcroît un paramètre intéressant, l’interactivité. Mais si le graphisme est somptueux, que dire de la musique. Les titres de Naphtaline sont merveilleux emplis d’une poésie et d’une sensibilité incroyable. On rentre dans Naphtaline comme un cow boy solitaire dans un film de Sergio Leone « Volfoni » puis les ténèbres nous rattrapent déjà « Subaphonic ». On sent que nous avons basculés dans un monde étrange qui n’a plus de frontières. Les rues sont désertes et froides « Naphtaline » et soudain un pantin mécanique surgit au détour d’une ruelle « Le lac des signes ». Alors déjà, avec un sentiment d’amertume on regrette le passé « Derrière l’écran ». Au lointain, on entend toujours ce même air répétitif et un sifflement étrange« Exebecce ». Depuis, chaque saison, je n’entends plus que ce piano fantomatique qui m’oppresse « Leopoldine ». Mais surtout, c’est lorsque vient l’hiver rigoureux que, regardant les flocons tomber, ce piano m’obsède le plus. Il vient me hanter même la nuit et m’emmène dans un monde que j’ai autrefois connu « Mon plus beau cauchemar ».
Les morceaux souvent sombre, mélancolique et inquiétant auraient pu servir pour une bande originale d’un film de Dario Argento ou pour décrire l’univers si particulier de Lovecraft. En 53 minutes, la musique d’Ez3kiel parvient à faire transmettre les émotions qu’elle véhicule et après tout, n’est ce pas ce qu’on demande à la musique ?

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